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Turquie-UE: des relations entachées d’ambiguïté

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Turquie-UE: des relations entachées d’ambiguïté

La Turquie, “fatiguée”, selon son président Recep Tayyip Erdogan, d’attendre une éventuelle adhésion à l’Union européenne qu’elle négocie depuis douze ans, est liée à Bruxelles par un accord d’association depuis 1963.

Vendredi, le président français Emmanuel Macron a proposé à la Turquie un “partenariat” avec l’UE, à défaut d’une adhésion, afin de préserver “l’ancrage” de ce pays en Europe, à l’issue d’un entretien à Paris avec son homologue turc. “Ca fait 54 ans que la Turquie attend dans l’antichambre de l’UE (…) on ne peut pas en permanence implorer une entrée dans l’UE”, a répliqué Recep Tayyip Erdogan.

– Association –

Le 12 septembre 1963, la Turquie, déjà membre du Conseil de l’Europe depuis 1950, signe un accord d’association avec la Communauté économique européenne (qui deviendra l’UE en 1993). L’accord évoque “la possibilité d’une adhésion” après l’établissement progressif d’une union douanière.

Le processus d’association est cependant gelé à la suite du coup d’Etat militaire en Turquie en septembre 1980.

En avril 1987, Ankara pose officiellement sa candidature à l’UE. Fin 1989, la Commission la rejette, invoquant des problèmes économiques et politiques.

En mars 1995, un accord d’union douanière est signé, mais celle-ci sera vite bloquée du fait de l’opposition de la Grèce, ulcérée par la question chypriote (la partie nord de l’île, occupée par les troupes turques depuis 1974, s’est autoproclamée République turque de Chypre en 1983).

En décembre 1999, les Européens accordent à la Turquie le statut de candidat, sans préciser de date pour l’ouverture de négociations. Mais ils lui demandent d’améliorer les droits de l’Homme et ses performances économiques.

En mars 2001, le gouvernement turc adopte “un programme national” de mesures politiques et économiques, et en 2002, le Parlement vote l’abolition de la peine de mort et l’octroi de droits culturels aux Kurdes.

– Lancement du processus –

En juillet 2005, la Turquie signe le “protocole d’Ankara” qui étend son union douanière aux dix Etats membres entrés dans l’UE en 2004, dont Chypre. Elle précise cependant que cela “ne signifie en rien une reconnaissance officielle de la République de Chypre”. Ce protocole ne sera pas ratifié par Ankara.

En octobre, l’UE et la Turquie lancent les négociations d’adhésion malgré l’hostilité de plusieurs pays, notamment l’Autriche.

En juin 2006 s’ouvre le premier des 35 chapitres thématiques que comptent les négociations, consacré à “la Science et la Recherche”. Après des mois de blocage, un deuxième chapitre dédié à “la Politique industrielle et aux Entreprises” est entamé en 2007.

– Enlisement –

Mais très vite, les négocations s’enlisent.

Le climat politique a changé depuis les élections européennes de 2004, marquées par une poussée des mouvements populistes, hostiles à l’entrée d’une Turquie musulmane.

L’Allemagne et la France bloquent l’ouverture de cinq nouveaux chapitres de négociations qui auraient rendu inéluctable l’adhésion de la Turquie.

Les négociations reprennent en 2013, retardées par la répression d’une vague de contestation en Turquie.

– Crise des migrants, putsch avorté –

Fin 2015, un rapprochement s’opère à la faveur de la crise des migrants, la Turquie occupant une position géographique clé.

En mars 2016, Ankara et l’UE concluent un accord qui permettra de réduire considérablement les arrivées de migrants et de réfugiés en Europe.

Fin juin, un nouveau chapitre, portant sur des questions budgétaires, est lancé. A ce jour, 16 chapitres seulement ont été ouverts, et un seul a été bouclé.

Mais plusieurs pays européens, notamment l’Allemagne, vont connaître des épisodes de graves tensions avec la Turquie après le coup d’Etat avorté de juillet, auquel Ankara a répondu par de vastes purges.

En juillet 2017, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini assure que la Turquie “reste” un pays candidat à l’adhésion à l’UE, même si l’ouverture de nouvelles négociations n’est pas à l’ordre du jour. En août, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker affirme que la Turquie s’éloigne d’elle-même “à pas de géant” de l’Europe.

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