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Ukraine : les rivaux à la présidentielle en campagne à Berlin et Paris

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Les deux prétendants à la présidence ukrainienne, le sortant Petro Porochenko et le comédien Volodymyr Zelensky, sont chacun allés chercher des soutiens internationaux à Berlin et à Paris vendredi, à neuf jours du deuxième tour de l’élection.

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a été reçu par la chancelière allemande Angela Merkel. Novice en politique et favori du scrutin, Volodymyr Zelensky s’est, quant à lui, entretenu avec le président français Emmanuel Macron.

“Ce fut une réunion très positive. Une rencontre pour se connaître et échanger sur le développement des relations bilatérales et du pays”, a ensuite commenté Ivan Balkanov, le chef de la campagne de M. Zelensky.

Selon lui, les discussions, d’une heure environ, ont notamment porté sur le processus de paix dans l’est de l’Ukraine (actuellement au point mort et auquel le comédien a suggéré d’impliquer Londres et Washington), la corruption et les réformes.

Le chef de l’État français devait aussi recevoir dans la soirée son homologue Petro Porochenko.

Ce dernier, à Berlin pour discuter sécurité, coopération économique et investissements, était avant tout en campagne : “il faut se battre pour gagner le vote des électeurs, être clair sur son programme et c’est ce que nous faisons maintenant”, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse avec Mme Merkel.

Les discussions avec Berlin et Paris “sont importantes” pour “le sort de l’Etat ukrainien et de la sécurité européenne”, surtout dans le contexte de “tentatives” de lever les sanctions occidentales contre la Russie, avait souligné jeudi M. Porochenko, qui se pose en rempart face à Vladimir Poutine.

La campagne est suivie de près par la France et l’Allemagne, qui forment avec la Russie et l’Ukraine le “Format de Normandie” ayant encadré le processus de paix dans l’est de l’Ukraine, où la guerre avec les séparatistes a fait près de 13.000 morts en cinq ans.

Frappée par de lourdes sanctions, la Russie est accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les rebelles prorusses, ce qu’elle réfute.

Petro Porochenko, 53 ans, ancien ministre des Affaires étrangères, met en avant son expérience du pouvoir à l’issue d’un mandat marqué par de difficiles négociations de paix et un accord clé de rapprochement avec l’Union européenne. Il l’oppose à l’inexpérience de son adversaire.

– “Echanger des amabilités” –

Considéré par ses partisans comme un nouveau visage dans un paysage politique dont l’image est compromise, M. Zelenski n’a organisé aucun meeting électoral et s’est surtout exprimé sur les réseaux sociaux.

En le recevant, l’Elysée a suscité un certain agacement à Kiev. “C’est une situation très désagréable et étrange”, a déclaré à l’AFP une source diplomatique ukrainienne. “Cela fait très concours de beauté”, a renchéri une autre.

Si la présidence française a mis en avant son statut de “candidat qualifié pour le second tour de la présidentielle”, certains observateurs estiment que ce comédien de 41 ans est pris au sérieux essentiellement en raison de son bon score au premier tour : plus de 30% des voix contre 16% pour Petro Porochenko.

Confirmant son statut de favori, un sondage publié jeudi le crédite de 61% des intentions de vote pour le deuxième tour contre seulement 24% pour son concurrent.

“La France montre qu’elle comprend dans quelle direction se dirigent les électeurs ukrainiens et qu’il faut établir les contacts”, commente Leonid Litra, un expert du centre d’analyse New Europe à Kiev.

La présidentielle en Ukraine se déroule au moment où cette ex-république soviétique de 44 millions d’habitants située aux portes de l’Union européenne est confrontée à la pire crise depuis son indépendance en 1991.

L’arrivée de pro-occidentaux au pouvoir en 2014 a été suivie par l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et la guerre dans la partie orientale du territoire ukrainien.

Avant le début des hostilités dans l’Est, M. Zelensky s’était d’abord montré conciliant, se disant prêt à se mettre “à genoux” devant M. Poutine pour éviter un “conflit militaire” entre les deux “peuples frères”.

Après le premier tour de la présidentielle, il a durci le ton, disant vouloir demander au Kremlin des compensations pour la guerre et la perte de la Crimée.