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Un Liberia apaisé attend son nouveau président

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Un Liberia apaisé attend son nouveau président

Près de trois décennies après le début d’une guerre civile qui a fait 250.000 morts en 14 ans, le Liberia s’apprête à vivre sa première alternance démocratique entre une présidente élue, Ellen Johnson Sirleaf, et son successeur, choisi lors d’un vote dont le bon déroulement a été salué par les observateurs.

Au lendemain du second tour qui a opposé mardi la légende africaine du football et sénateur George Weah au vice-président sortant Joseph Boakai, la capitale Monrovia attendait l’annonce des premiers résultats officiels sans signe apparent de tension.

Le dépouillement des bulletins de vote — le pays compte quelque 2,1 millions d’électeurs — devrait se poursuivre plusieurs jours.

S’appuyant sur les premiers résultats envoyés par les bureaux de vote, des médias locaux donnaient en tête l’ancien attaquant du PSG et du Milan AC, vainqueur du premier tour du 10 octobre avec 38% des voix.

Dans un pays qui n’a pas connu d’alternance démocratique depuis 1944, “cette transition est cruciale. Si le Liberia la réussit, ce sera une victoire pour lui, pour l’Afrique de l’Ouest et pour l’Afrique en général”, a déclaré mardi à l’AFP l’ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, chef des observateurs du National Democratic Institute (NDI), dont le siège est aux Etats-Unis.

Si les partisans de George Weah se montrent confiants, le président de la Commission électorale nationale (NEC), Jerome Korkoya, l’a souligné à suffisance: seule son institution est habilitée à annoncer les résultats. Il a appelé les deux camps à ne pas crier victoire trop tôt.

– ‘Personne ne veut de problèmes –

“Ne fais pas de bruit. Tu vois bien que j’écoute la radio”, lance Samuel Nuahn à son fils de 12 ans. Tout en travaillant dans son garage de la banlieue nord de Monrovia, ce mécanicien de 46 ans, partisan du vice-président Joseph Boakai, garde l’oreille collée à son poste, branché sur une station locale égrenant des résultats partiels.

“C’est du provisoire. Ca ne va pas dans mon sens mais je reste optimiste”, a-t-il expliqué à l’AFP. “Quel que soit le résultat, nous l’accepterons sans faire de problèmes. Plus personne ne veut de problème dans ce pays, on n’en a pas besoin”, insiste-t-il.

“Quelles que soient les provocations, nous ne répondrons pas par la violence”, expliquait le chef de la branche jeunesse de la Coalition pour le changement démocratique (CDC) de George Weah, Jefferson Kotchie, à un groupe de jeunes supporters de l’ancien attaquant vedette réunis dans les jardins de son quartier général.

– Atrocités –

Le Liberia est un pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, meurtri par quatorze ans d’une guerre civile particulièrement atroce – quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003 -, puis par l’épidémie d’Ebola, dont il peine à se redresser.

Il vit encore dans le souvenir de Charles Taylor, 69 ans, ancien chef de guerre puis président, (1997-2003) condamné par la justice internationale à une peine de 50 ans de prison, qu’il purge en Grande-Bretagne, pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine.

Sénateur depuis 2014 de la province la plus peuplée du pays, George Weah a choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, ex-femme de Charles Taylor et influente sénatrice de Bong, autre important réservoir de voix. Mais tout deux affirment ne pas entretenir de lien avec l’ancien président.

“C’est un jour historique. Je sais que je vais gagner”, a déclaré mardi Weah, qui, à 51 ans, reste très populaire auprès des jeunes. “Nous allons gagner! Parce que le peuple croit en nous et sait que nous sommes les meilleurs”, a quant à lui lancé Joseph Boakai, 73 ans, après avoir déposé son bulletin dans l’urne.

Dans leurs locaux situés sous les tribune du stade Samuel Kanyon Doe, au coeur de Monrovia, les membres de la NEC comptabilisent, sous le regard d’observateurs et de représentants des partis, les résultats de la province de Montserrado, la plus peuplée du pays, où se trouve la capitale.

Selon un rituel bien rôdé et dans un silence monacal, un responsable exhibe une enveloppe pour montrer qu’elle est bien scellée.

Puis il lit le nombre de voix remporté par chacun des candidats, qu’un assistant s’empresse d’inscrire dans un programme informatique projeté sur un grand écran, aux yeux de tous. Comme dans n’importe quelle démocratie.

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