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Un millionnaire américain veut construire la première “crypto-ville” au milieu du désert

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Un millionnaire américain veut construire la première “crypto-ville” au milieu du désert

Jeffrey Berns a investi 300 millions de dollars pour construire une ville entière bâtie autour de la blockchain, cette technologie à l’origine du bitcoin. Explications d’un projet qui peut sembler fou.

C’est un terrain de 68 km² en plein milieu du désert du Nevada, à une trentaine de kilomètres de la ville américaine de Reno. À cet endroit devrait s’élever d’ici quelques années la première ville du monde administrée et gérée grâce à la blockchain, la technologie à l’origine du bitcoin, si le multimillionnaire américain Jeffrey Berns réussit à réaliser son rêve.

Il a annoncé, le 1er novembre, que les travaux pour construire cette utopie devraient débuter dès 2019. Cet ancien avocat spécialisé dans le droit de la consommation, qui a bâti sa fortune en investissant dans les monnaies dématérialisées comme le bitcoin ou l’ethereum, a déjà dépensé 300 millions de dollars de sa poche pour poser les fondations de son projet.

Jeffrey Berns a payé 170 millions de dollars en liquide pour acquérir la parcelle de terrain, a monté une société – Blockchains LLC – pour superviser le projet, et a dépensé le reste de l’argent en diverses acquisitions ainsi qu’en embauchant 70 personnes.

Tout pour la blockchain

“Je veux créer une ville dont tous les aspects reposeraient sur la technologie de la blockchain pour remettre le pouvoir directement entre les mains de ses habitants et montrer qu’on peut se passer des banques et autres institutions”, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse de présentation de son projet.

La blockchain est, à l’origine, un registre public informatique décentralisé mis au point pour consigner de manière transparente toutes les transactions en bitcoin. Cette technologie s’est depuis émancipée de la célèbre cryptomonnaie pour être adoptée dans d’autres domaines. Des banques l’utilisent pour enregistrer les échanges entre elles et des assureurs l’ont adoptée pour garder une trace des paiements et remboursements effectués.

>> À lire sur France 24 : La “Blockchain vaisselle”, une installation pour comprendre la technologie blockchain

Jeffrey Berns veut que sa nouvelle ville – avec ses magasins, ses habitations et ses écoles – soit construite autour de cette technologie. Il a présenté plusieurs exemples concrets d’applications de la blockchain en milieu urbain. L’identité des habitants – noms, adresse, âge et profession – pourraient ainsi être inscrite directement dans un tel registre numérique. Au lieu de devoir s’adresser à un guichet en mairie pour obtenir des documents d’identité certifiés, il suffirait de consulter la blockchain. “Chaque personne aurait une clef numérique unique qui lui permettrait d’accéder à ses données, sur lesquelles il aurait un contrôle total”, explique le millionnaire américain. L’avantage serait de se débarasser des tracasseries administratives, que ce soit devoir aller en mairie ou prendre un rendez-vous pour obtenir des documents.

Idem pour les affaires de la cité. Au lieu de déléguer le pouvoir à un conseil municipal, tous les votes pourraient se faire facilement par ordinateur et le choix de chaque habitant serait enregistré sur la blockchain. Cette technologie pourrait également servir dans le secteur de l’énergie. La consommation exacte de chaque foyer pourrait être inscrite en temps réel dans le registre garantissant que chacun paie exactement ce qu’il doit.

“Blockchain Valley”

Jeffrey Berns espère que sa cité va devenir une vitrine des possibilités offertes par la blockchain. “Une chose qui a longtemps handicapé le développement de cette technologie est l’absence de laboratoire où sont testés les applications possibles en situation réelle”, a-t-il indiqué au New York Times. Il envisage ainsi de fonder sur cette terre une “blockchain Valley” avec la construction d’un gigantesque centre de recherche pouvant accueillir des scientifiques et des entrepreneurs désireux de travailler dans ce domaine.

Pour l’heure, il ne s’agit que du rêve d’un homme. Les limites actuelles de la blockchain sont connues. Elle peut difficilement gérer plus d’une quinzaine de transactions par seconde, ce qui risque de sérieusement compliquer le quotidien d’habitants d’une ville qui dépend autant de cette technologie. Jeffrey Berns espère que cette technologie aura fait des progrès sur ce point d’ici à la fin de son chantier.

Les différents scandales de vols de monnaie dématérialisée qui ont défrayé la chronique ces dernières années ont aussi démontré que les portefeuilles numériques, comme celui censé contenir les données personnelles de chaque habitant, peuvent être piratés. Le millionnaire pense avoir trouvé la parade en achetant plusieurs abris antiatomiques, l’un en Suisse et l’autre en Suède, où seront gardés des doubles de ces portefeuilles numériques sur des supports USB. Ainsi, en cas de piratage, il sera possible de remettre la main sur ses données.

Difficile aussi de dire si ce millionnaire – qui n’a pas le pédigrée d’un Elon Musk (fondateur de Tesla) ou d’un Tim Cook (PDG d’Apple) – va réussir à mobiliser les foules, et les investisseurs, sur son seul nom, largement inconnu du grand public. Jeffrey Berns reconnaît qu’il a encore beaucoup de chemin à faire et de gens à convaincre avant que son projet ne devienne “soit l’une des plus grandes réalisations de l’histoire récente, soit l’un des échecs les plus retentissants”.

Première publication : 06/11/2018

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