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Un virus transmis par nos ancêtres serait responsable de l’addiction aux drogues

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Un virus transmis par nos ancêtres serait responsable de l’addiction aux drogues

La trace d’un ancien virus, transmis par nos lointains ancêtres, serait plus courante dans les gènes des personnes ayant une dépendance à la drogue. Cela pourrait expliquer certaines prédispositions face aux addictions. 

Depuis 2,8 millions d’années, l’Homme n’a cessé d’évoluer. Et son acide désoxyribonucléique (ADN) aussi. Dans notre génome – c’est-à-dire l’ensemble du matériel génétique codé dans notre ADN – se trouve ainsi des traces de virus qui ont infecté nos lointains ancêtres. Et selon une récente étude des universités d’Oxford (États-Unis) et d’Athènes (Grèce), l’un de ces anciens virus intégré dans nos gènes jouerait un rôle dans la dépendance à la drogue.

Des anciens virus au niveau des gènes

Pour comprendre comment, il faut d’abord revenir sur ces anciens virus. Ces agents infectieux qui ont infectés nos ancêtres sont appelés rétrovirus endogènes humains (HERV). Ils se sont intégrés dans une cellule germinale, comme un spermatozoïde ou un ovule, si bien que leur ADN a été transmis à la descendance comme un gène normal. Ainsi, 8 % de l’ADN humain serait composé de séquences rétrovirales.

Les virus HK2, par exemple, font désormais partie de notre génome. Mais il en existe plusieurs formes, si bien tous les humains ne possèdent pas la même. Un de ces virus a pour particularité de se trouver au niveau d’un gène, le RASGRF2, impliqué dans la régulation des niveaux de la dopamine –  cette « molécule du plaisir » associée aux addictions. En effet, ce neurotransmetteur joue un rôle dans le comportement de dépendance lorsqu’il est généré en grande quantité, à la suite d’une consommation de drogues notamment.

Des restes du rétrovirus HK2 chez les toxicomanes

Revenons à notre étude, parue dans la revue scientifique PNAS. Les chercheurs ont étudié des personnes consommant de la drogue en Grèce et en Écosse. Après un examen génétique des participants, les scientifiques ont constaté que les consommateurs de substances étaient deux à trois fois plus susceptibles d’avoir des restes du rétrovirus HK2. Normalement, 5 à 10 % de la population générale possède une insertion de ce virus dans le gène RASGRF2. Le nombre s’élève à 34 % des utilisateurs de drogue testés à Glasgow, et à 14 % des patients grecs.

En clair, l’insertion du rétrovirus HK2 à cet endroit précis de l’ADN chez certaines personnes pourrait les prédisposer à l’addiction de drogues. Cela constituerait la preuve d’une cause physique de la dépendance. Seulement, l’agent infectieux ne peut être tenu seul responsable, car tous les toxicomanes testés ne le possédaient pas.

Plus encore, cette enquête montre que les rétrovirus ne sont pas inoffensifs. Ils pourraient être la cause de différentes formes de cancers, de dégénérescences du système nerveux central ou encore d’immunodéficiences, comme le Sida.

Le Dr Magiorkinis, directeur la nouvelle étude, complète : « La plupart des gens pensent que ces anciens virus sont inoffensifs. De temps en temps, des individus ont montré une surexpression de HK2 dans le cancer, mais il a été difficile de distinguer la cause de l’effet. En 2012, à la suite d’une controverse de 20 ans concernant leur rôle pathogène chez l’homme, nous avons cherché à tester l’hypothèse que les HERV peuvent être responsables de maladies humaines. Notre proposition a été appuyée par le Conseil de recherches médicales, et nous avons maintenant de solides preuves que les HERV peuvent être pathogènes. » De précédentes recherches avaient déjà établi un lien entre ces HERV et les maladies auto-immunes.

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