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Une aborigène Mapuche élue présidente de l’assemblée constituante chilienne

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Une aborigène Mapuche élue présidente de l’assemblée constituante chilienne
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Le processus de rédaction de la nouvelle constitution chilienne a démarré sous tension dimanche mais aussi avec la détermination de changer l’histoire du pays en élisant une aborigène Mapuche comme présidente de l’assemblée constituante.

“Cette Constituante va transformer le Chili”, a lancé l’universitaire mapuche Elisa Loncón, en tenue traditionnelle, après être montée sur l’estrade et salué en mapudungun, la langue du peuple mapuche.

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Elle a souligné que c’était là un rêve partagé par toutes les communautés du Chili dans leur diversité, le rêve de prendre soin de la Terre Mère, d’accéder aux droits sociaux et au droit à l’eau.

Cette linguiste, qui occupe l’un des dix-sept sièges réservés aux peuples originaires, a été élue au deuxième tour en obtenant 96 voix sur les 155 de l’assemblée à l’issue d’une journée marquée par une suspension de près de trois heures, des tensions et des affrontements à l’extérieur de l’ancien parlement.

Une partie des 155 citoyens élus pour rédiger la nouvelle constitution à l’issue de plusieurs mois d’une vive contestation sociale était sortie pour exiger le retrait des forces spéciales du centre de la capitale. Des bagarres avec la police ont éclaté et une suspension avait été décidée.

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Certains des élus, qui ont finalement tous pu prêter serment, avaient lancé à la rapporteuse: “Plus jamais de répression !”.

“Nous voulons une fête de la démocratie et non des problèmes, donc nous allons suspendre temporairement la session”, avait alors annoncé Mme Valladares, se disant “inquiète”.

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Plusieurs affrontements ont eu lieu entre des forces anti-émeutes et une poignée de civils devant l’ancien Parlement.

Cette assemblée, qui va plancher sur la nouvelle Loi fondamentale pendant neuf mois minimum, douze maximum, est également paritaire.

“C’est la première fois que les citoyens ont pu élire un corps pour écrire” une Constitution, souligne auprès de l’AFP Claudio Fuentes, professeur à l’Université Diego Portales (UDP).

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A l’issue du vote des 15 et 16 mai, les nouveaux Constituants sont apparus comme très hétérogènes. Les candidats indépendants représentent 40% des élus, au détriment des listes montées par les partis traditionnels.

Pour de nombreux analystes, cette Constituante “ressemble au Chili réel”, avec des militants écologistes, des dirigeants communautaires, des avocats, des professeurs, des journalistes, des économistes, mais aussi des femmes au foyer.

Les représentants des partis politiques traditionnels sont minoritaires et aucune force politique ne dispose du tiers nécessaire pour opposer son veto, les délibérations devant être approuvées aux deux tiers.

– “qu’ils nous laissent vivre en paix” –

“Il y a une rupture très profonde entre la société et les institutions, une remise en question du rôle des partis politiques”, analyse Marcela Rios, du Programme des Nations Unis pour le développement (PNUD) au Chili.

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Parmi les membres de la Constituante, une vingtaine faisaient partie des Chiliens descendus dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol lors de la fronde sociale qui a éclaté le 18 octobre 2019.

Ciblant d’abord une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation s’est vite transformée en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales.

Face à l’ampleur des manifestations, qui ont culminé le 25 octobre 2019 avec 1,2 million de Chiliens dans la rue à Santiago, les partis politiques avaient conclu un accord historique pour un référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité à 79%.

De nombreux manifestants dénonçaient le texte, voté en 1980, comme le pivot du système économique ultralibéral mis en place sous Augusto Pinochet (1973-1990) et un frein à toute réforme sociale.

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“C’est une lumière d’espoir”, explique à l’AFP Ingrid Villena, une avocate de 31 ans, spécialisée dans la violence contre les femmes.

A l’autre bout du spectre idéologique, la candidate de la droite conservatrice, Marcela Cubillos, ex-ministre du gouvernement du président Sebastian Piñera, engagée pour le NON au référendum, veut défendre le bilan de trois décennies de démocratie, “les meilleures de l’histoire du Chili”.

A l’issue de leurs travaux, la nouvelle Constitution sera soumise à un nouveau référendum en 2022. En cas de rejet, le texte actuel restera en vigueur.