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“Une arme l’a arrêté”: les Texans veulent garder leur arme à la ceinture

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“Une arme l’a arrêté”: les Texans veulent garder leur arme à la ceinture

Quarante-huit heures après le drame survenu dans l’église de sa petite bourgade texane, bouleversée par le massacre de 25 personnes fauchées au fusil semi-automatique, l’émotion de Robert Kunz ne retombe pas. Une chose reste claire: ne pas toucher aux sacro-saintes armes à feu.

“Ce n’est pas un pistolet qui a tué ces gens. Qui a tué mes amis”, soutient à l’AFP cet homme de 50 ans, sur le trottoir qui fait face à l’église baptiste de Sutherland Springs, dans le sud des Etats-Unis.

“C’est le fou qui est rentré là qui a appuyé sur la détente et tué nos amis”, affirme-t-il.

La tuerie, l’une des pires dans l’histoire contemporaine américaine et qui a causé la mort de 25 fidèles dont une femme enceinte (les autorités ont comptabilisé le bébé porté par la femme enceinte de cinq mois dans le bilan des 26 victimes), a généré une fois de plus un débat sur la régulation et le contrôle des armes à feu dans un pays très laxiste en la matière.

Mais à Sutherland Springs, comme dans nombre de régions rurales des Etats-Unis où le droit de se protéger soi-même est profondément ancré dans la culture, la question est balayée d’un revers de manche.

“Le gouvernement n’est pas là pour tout faire à notre place”, abonde Paul Brunner, qui s’est porté volontaire pour prêter main forte aux premiers secours arrivés sur les lieux du massacre.

Pour Paul Brunner, qui se fait porte-voix de tout ce tranquille hameau de quelques centaines d’âmes, le contrôle des armes n’est pas la solution.

Tout au contraire, pensent les habitants de Sutherland Springs, qui en veulent pour preuve l’intervention dimanche de Stephen Willeford, un voisin de 55 ans qui s’est opposé au tireur armé de son fusil AR-15, le blessant et le poussant à la fuite.

“Une arme l’a arrêté… Pas l’arme d’un flic. Celle d’un civil”, reprend Robert Kunz.

– Pistolet, voiture, même combat –

Le président Donald Trump lui-même a salué le “très courageux” Stephen Willeford et assuré que si ce dernier n’avait pas été armé, “on aurait eu des centaines de morts de plus”. Des contrôles renforcés sur les ventes d’armes, réclamés notamment par de nombreux démocrates, n’auraient fait “aucune différence”, a estimé le président républicain.

Les habitants de la ville texane mettent également en avant une culture locale de la possession d’armes à feu.

“Je suis une fière propriétaire d’armes”, assume ainsi auprès de l’AFP Stephanie Perkovich, qui affirme apprendre à son fils de 9 ans et à sa fille de 15 ans le maniement des armes.

“Je porte un pistolet sur moi tout le temps et je suis contente de le faire quand je vois des choses pareilles qui surviennent.”

La fusillade s’est déroulée cinq semaines seulement après celle de Las Vegas (58 morts). Une fréquence et une ampleur qui toutefois interrogent, juge Nathan Carrizales, qui aide les familles des victimes à préparer les funérailles.

La question de la régulation “est un sujet très sensible”, reconnait le jeune homme de 22 ans. “Cela m’ouvre les yeux sur les différentes possibilités qui s’offrent à nous pour que l’on s’assure que cela ne se reproduise jamais.”

Très rares sont ceux qui, comme Donna Watkins, vont jusqu’à envisager un encadrement de la circulation des armes.

“Les gens peuvent acquérir ces armes plus librement et il devrait y avoir plus de… règlementations et de lois contre les armes”, lâche cette grand-mère venue en visite de la ville texane de Corpus Christi.

Le pasteur Scott Talibert, venu d’une autre ville à l’est de Sutherland Springs, Lolita, résume pour sa part la pensée dominante dans la cité endeuillée en deux questions rhétoriques: “Les armes à feu sont-elles dangereuses ? Oui. Les voitures sont-elles dangereuses ? Oui”.

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