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Une femme raconte sa relation “dégradante” avec Weinstein, mue par la peur

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Une femme raconte sa relation “dégradante” avec Weinstein, mue par la peur

Elle aurait accepté de le masser, de feindre un orgasme ou d’avoir une relation avec lui malgré un viol: une accusatrice d’Harvey Weinstein a assuré vendredi avoir été piégée par sa naïveté puis guidée par la peur, au huitième jour du procès du producteur.

La défense, elle, l’a présentée comme une jeune actrice opportuniste, prête à tirer le maximum de ce puissant décideur.

Jessica Mann est, avec Mimi Haleyi, la seule femme dont les accusations contre l’ancien magnat d’Hollywood aient donné lieu à des poursuites à New York. Les agressions sexuelles alléguées par les trois autres femmes ayant témoigné lors de procès, Annabella Sciorra, Dawn Dunning et Tarale Wulff, n’ont pas fait l’objet d’inculpations.

Harvey Weinstein, 67 ans, nie les accusations portées contre lui et assure que ces relations étaient toutes consenties.

Originaire d’une petite ville de l’Etat du Washington, élevée dans une ferme, un temps SDF, Jessica Mann, 34 ans, tranche avec les autres plaignantes. Elle est d’ailleurs la seule qui n’avait jamais entendu parler d’Harvey Weinstein lorsqu’elle le rencontre pour la première fois, entre fin 2012 et début 2013.

Vendredi, dans le prétoire, elle s’est mise à pleurer avant même d’être interrogée par l’assistante du procureur, Joan Illuzzi-Orbon, et son témoignage a souvent semblé confus.

Elle a décrit ses premières rencontres avec le producteur et le mélange de séduction, d’humiliations et de manipulation auquel l’aurait soumise Harvey Weinstein.

Puis, selon elle, la relation bascule. Dans une chambre d’hôtel de Los Angeles, elle aurait accepté de le masser.

“Il me faisait me sentir stupide, en disant que ce n’était pas grand-chose”, a-t-elle raconté.

– “Vous vous serviez d’Harvey” –

Plus tard, alors qu’elle est en compagnie d’une assistante du producteur, il l’attire dans une chambre et tente de l’embrasser, selon elle. Elle se défend, résiste verbalement mais il parvient selon elle à lui faire un cunnilingus.

“J’ai commencé à feindre un orgasme pour me sortir de là”, a-t-elle assuré, livrant une description très crue du physique de son agresseur présumé, aux parties génitales déformées selon elle.

“J’étais paumée”, a-t-elle dit sur la suite de ses rapports avec le magnat de la Weinstein Company. “J’ai décidé d’avoir une relation (suivie) avec lui (…) C’était extrêmement dégradant.”

Quelques semaines plus tard, en mars 2013, alors qu’elle était désormais en couple avec un autre homme, il l’aurait piégée dans un hôtel de Manhattan et emmenée de force dans une chambre pour la violer. Elle n’en a rien dit à personne.

“J’avais peur d’Harvey”, a-t-elle affirmé. “Je pensais qu’il allait faire du mal à mon père.”

Elle dit aussi avoir voulu protéger son petit ami, un acteur “plutôt connu” dont elle n’a pas révélé l’identité.

Avant même le début du procès, la défense avait produit plusieurs courriers électroniques envoyés par Jessica Mann longtemps après le viol présumé, dans lesquels elle reconnaissait, selon le camp Weinstein, une relation “consensuelle et intime”.

Ces messages étaient également dictés par la peur, a-t-elle assuré vendredi.

Connue pour ses questions musclées, l’avocate d’Harvey Weinstein Donna Rotunno est revenue, lors de son contre-interrogatoire, sur cette correspondance et a poussé Jessica Mann dans ses retranchements.

“Mme Mann, vous vous serviez d’Harvey Weinstein”, a-t-elle lancé. “Vous lui mentiez.”

Donna Rotunno a également évoqué un blog, jamais publié, dans lequel Jessica Mann mentionne “un homme plus âgé avec qui (elle avait) une relation”.

“Vous l’appeliez votre petit copain à l’occasion!”, a insisté l’avocate.

“Vous ne parlez pas de la douleur que je ressentais”, a répliqué la trentenaire, qui s’est régulièrement montrée confuse et imprécise.

Le contre-interrogatoire de Jessica Mann doit se poursuivre lundi.

Inculpé de cinq chefs d’accusation, Harvey Weinstein, catalyseur du mouvement #MeToo, risque la prison à perpétuité en cas de condamnation.

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