Surnommé le « patient zéro », Gaëtan Dugas, un agent de bord gai québécois a été injustement accusé au milieu des années 1980 d’être le premier responsable de l’épidémie du sida aux États-Unis, confirme une étude…
Le virus, responsable d’un total de quelque 650 000 morts aux États-Unis, a fait un « saut » des Caraïbes à New York vers 1970, devenue la plaque tournante à partir de laquelle il s’est ensuite répandu, rapportent les chercheurs dans la revue scientifique Nature.
La publication qui devrait mettre fin au mythe popularisé dans le monde du « patient zéro » repose sur une solide analyse historique et génétique.

Vilipendé à titre posthume comme l’épicentre de l’épidémie américaine, Gaëtan Dugas, n’était qu’une des nombreuses victimes de la maladie. Il a d’ailleurs fait des efforts pour aider les responsables de la santé à comprendre comment le sida s’était propagé en nommant des dizaines de ses nombreux partenaires sexuels avant sa mort en 1984, alors que d’autres ne pouvaient retrouver qu’une poignée de noms.
L’équipe de l’Université de l’Arizona, à Tucson et des chercheurs de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) ont reconstitué les origines de l’épidémie après avoir récupéré du matériel génétique (ARN) dégradé du virus (VIH) de 8 échantillons sanguins vieux de près de 40 ans (1978-1979), en plus celui de Gaëtan Dugas.
Grâce à des techniques moléculaires qu’ils ont mis au point, ils ont ainsi pu reconstituer le génome du virus.
Les chercheurs n’ont trouvé ainsi ni preuve biologique ni historique que le “Patient zéro” ait été le premier cas aux États-Unis ». « Dugas est l’un des patients les plus diabolisés dans l’histoire» , souligne l’un des auteurs de l’étude.
À bien des égards, selon lui, les preuves historiques ont permis de pointer « depuis des décennies » l’erreur du « patient zéro ». Mais, dit-il, « nous avons maintenant des preuves phylogénétiques » permettant de consolider cette position.
En 1987, le journaliste Randy Shilts avait publié un livre And the Band Played On où il identifiait cet agent de bord québécois comme l’un des tout premiers malades atteints du sida ayant eu des relations avec des Américains. Ce dernier alors disparu, était surnommé « le patient zéro » et dénigré dans les médias l’accusant d’être à l’origine de l’épidémie américaine, alors que selon les chercheurs il n’a en réalité pas joué ce rôle.
Avec AFP