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Vaccination obligatoire des soignants: la pression monte

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Vaccination obligatoire des soignants: la pression monte
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La pression monte pour obliger tous les soignants à se faire vacciner contre le Covid-19 et une annonce pourrait même intervenir avant septembre, assure le gouvernement, même si une telle mesure n’est pas simple à mettre en oeuvre.

Une consultation sur le sujet va être lancée “dans les jours qui viennent” avec les associations d’élus locaux et les présidents de groupes parlementaires, annonçait mercredi le Premier ministre Jean Castex.

“La question du calendrier” y sera abordée, a développé jeudi sur LCI le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Il estime possible une annonce avant septembre, sous la menace d’une quatrième vague épidémique due au variant Delta.

Une façon d’enfoncer le clou après plusieurs avertissements les jours précédents.

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“Je suis, comme toutes les Françaises et tous les Français, choqué (…) quand on voit l’épidémie se réintroduire (…) par l’entremise de celles et ceux dont c’est la vocation de protéger et de soigner. Ça n’est pas admissible”, a tonné M. Castex au Sénat mercredi, en évoquant le récent foyer d’infection dans un Ehpad des Landes.

Si “au moins 80%” des personnels ne sont pas vaccinés d’ici septembre, “nous ouvrirons la voie d’une obligation vaccinale pour les professionnels de santé”, ont prévenu les ministres de la Santé Olivier Véran et de l’Autonomie Brigitte Bourguignon, dans un courrier aux directeurs d’hôpitaux et de maisons de retraite daté de lundi.

– “J’ai changé d’avis” –

Car “seuls 57% des professionnels des Ehpad et 64% des professionnels des établissements de santé ont reçu au moins une dose de vaccin”, souligne la Fédération hospitalière de France (FHF), qui appelle à leur vaccination obligatoire.

Cette solution est désormais prônée par le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale mis en place par le gouvernement et présidé par l’immunologue Alain Fischer.

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“L’accès volontaire aux vaccins, option choisie en première intention, n’a pas amené à ce jour les résultats escomptés”, reconnaît cette instance dans un avis daté du 24 juin.

De son côté, la Haute autorité de santé (HAS) “considère toujours que l’incitation et la conviction sont les approches les plus pertinentes”. Mais si la couverture vaccinale des professionnels de santé ne progresse pas “rapidement”, “la question de l’obligation vaccinale devra être rapidement posée”, prévient-elle dans un communiqué jeudi.

Ces derniers jours, nombre de professionnels se sont exprimés publiquement en faveur d’une telle mesure.

“J’étais contre l’obligation” mais “j’ai changé d’avis”, a ainsi déclaré mercredi sur France Inter l’immunologue Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement.

Dans les Ehpad, le Synerpa, l’une des principales fédérations du secteur (Ehpad privés), s’est dit mercredi “tout à fait favorable à une vaccination obligatoire”.

A l’inverse, l’AD-PA, association qui regroupe des directeurs d’établissements, y est opposée. “Nous pensons que le vaccin est utile, mais qu’il ne faut pas l’imposer”, a déclaré jeudi son président Pascal Champvert lors d’une conférence de presse.

Pour l’association, qui dénonce “encore de trop grandes restrictions de visites et d’aller et venir dans certains établissements”, il est “inacceptable qu’il y ait un lien entre la vaccination des soignants et la liberté des résidents”.

– Passer par une loi –

Quatre vaccins sont déjà obligatoires pour les personnels des hôpitaux et des Ehpad: diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite B.

L’obligation de la vaccination contre la grippe figure également dans la loi depuis 2005, mais a été suspendue par décret en 2006, après l’avis du Conseil supérieur d’hygiène publique. Il estimait qu’elle “risquerait d’altérer l’adhésion des professionnels”.

Pour autant, ajouter un nouveau vaccin obligatoire ne se fait pas en un claquement de doigt, puisqu’il faut passer par une loi. Des sénateurs LR et centristes ont d’ailleurs déposé une proposition de loi en ce sens en avril.

Et outre les considérations institutionnelles, une telle décision est “très compliquée” politiquement, déclare à l’AFP Christophe Jacquinet, responsable du cabinet de conseil en santé Care Insight et du think tank Health and Tech.

Personnellement convaincu de la nécessité de la vaccination, cet ancien directeur d’ARS (Agence régionale de santé) met pourtant en garde contre “la fausse bonne idée” de l’obligation.

Selon lui, elle pourrait être contre-productive chez les infirmiers et aides-soignants, “qui se sentent déjà marginalisés” dans le système de santé et vivraient cela comme un “jugement négatif et moralisateur venu d’en haut”.

“L’hôpital est déstabilisé par le manque d’infirmiers, et il ne faut pas sous-estimer la crise post-Covid chez les aides-soignants et les infirmiers”, estime-t-il. “A court terme, l’obligation pourrait être une solution, mais à moyen et long terme, elle pourrait provoquer de gros dégâts sociaux.”