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Venezuela: l’opposition déboussolée après sa défaite électorale

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Venezuela: l’opposition déboussolée après sa défaite électorale

La nette victoire du camp du président socialiste Nicolas Maduro aux élections régionales vénézuéliennes est un coup dur pour l’opposition, pourtant donnée largement favorite, qui conteste les résultats mais apparaît déboussolée.

Depuis dimanche soir, la possibilité d’une sortie de crise rapide s’éloigne pour ce pays pétrolier rongé par de graves problèmes économiques et politiques, selon les analystes consultés par l’AFP.

Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), au pouvoir, s’est imposé dans 17 des 23 Etats du pays, selon le Conseil national électoral (CNE). Au niveau national, le chavisme -du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de Maduro- obtient 54% des votes, contre 45% a ses adversaires.

“Le chavisme est vivant, il est dans la rue et il triomphe”, s’est félicité le chef de l’Etat. Les gouverneurs élus devaient prêter serment mardi devant la toute puissante Assemblée constituante, a annoncé sa présidente Delcy Rodriguez. Une condition sine qua non imposée par le président mais rejetée par ses adversaires, qui ne reconnaissent pas cette instance, laissant augurer d’un nouveau bras de fer.

L’opposition, créditée d’une victoire dans 11 à 18 Etats par les sondages, n’en remporte finalement que cinq, un dernier restant encore indécis. Elle qui avait fait de cette élection un référendum pour ou contre le chef de l’Etat n’a bénéficié ni de la forte participation (61%), ni du taux d’impopularité record de Maduro (80%).

Les Etats-Unis ont “condamné” lundi ces élections, qualifiées de “ni libres ni justes”.

Les adversaires du président socialiste, réunis au sein de la coalition de l’opposition de la Table de l’unité démocratique (MUD), qui accusent l’autorité électorale de servir le gouvernement, refusent de reconnaître les résultats et exigent un “audit complet” du scrutin.

“Il faut continuer à se battre”, a lancé lundi Carlos Ocariz, un des candidats battus de la MUD, avant une conférence de presse attendue lundi sur les actions à venir.

– Divisions de l’opposition –

Mais le coeur n’y est plus. Le découragement et la lassitude sont visibles dans les rangs de l’opposition, comme en témoignent les rues désertes à l’est de la capitale, un de ses bastions, dimanche soir et lundi matin. En dépit des accusations de fraude, pas un bruit de casserole.

Un calme étonnant qui contrastait avec les quatre mois de manifestations quasi quotidiennes, entre avril et juillet, qui avaient fait descendre dans les rues du pays des centaines de milliers de personnes. Cette vague de contestation a fait 125 morts.

“Descendre dans la rue n’a servi à rien. Qu’est ce que ça va changer d’aller voter à la présidentielle? On sait déjà ce qui va se passer”, déclare à l’AFP Bianca, 33 ans, en référence à la prochaine élection prévue fin 2018. Elle se dit “sans illusion” après avoir bloqué les rues il y a quelques mois.

A l’appel de l’opposition, les protestataires exigeaient le départ du président, mais ils n’ont rien obtenu. Après avoir boycotté l’élection des membres de l’Assemblée constituante fin juillet, les anti-Maduro ont changé leur fusil d’épaule et appelé la population à voter dimanche, sans succès non plus.

A présent, la voie de la négociation semble aussi compromise. “Le dialogue, je n’y crois pas. On entre dans une phase très délicate, on va tout droit vers davantage de confrontation”, juge le politologue Luis Salamanca.

“Les divisions de la MUD, sur la meilleure stratégie pour affronter le gouvernement (manifestations, élections ou dialogue) vont s’aggraver”, prédit Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet britannique IHS, estimant que ce sont “les protestations dans la rue et la communauté internationale qui vont donner le ton”.

Lundi matin, la Chine, un des principaux alliés de Caracas, a d’ailleurs salué un processus électoral “en douceur”, tandis que la France a fait part de sa “préoccupation” et a souligné les “graves irrégularités” dénoncées par l’opposition.

L’UE de son côté a réagi en annonçant que ces résultats ne modifiaient pas sa “ligne de conduite”. Les 28 Etats membres de l’UE ont récemment donné leur “accord de principe” à la mise en place de sanctions contre le régime du président Maduro en réponse à la répression contre l’opposition.

Aucun observateur international n’avait été accepté par les autorités pour le vote de dimanche.

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