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Venezuela: trois raisons pour expliquer la résilience de Nicolas Maduro

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Venezuela: trois raisons pour expliquer la résilience de Nicolas Maduro

Nicolas Maduro, président du Venezuela depuis 2013, a survécu à un cocktail explosif d’épreuves qui ferait chuter le chef de l’Etat dans nombre de pays. Mais le dirigeant vénézuélien tient bon et va même briguer un nouveau mandat en 2018.

Sur le front économique, le Venezuela a été ruiné par l’effondrement des cours du brut, sa principale richesse dont il tire 96% de ses devises. A cela s’ajoute une pénurie d’aliments et de médicaments et une hyperinflation attendue à 2.300% en 2018 selon le FMI.

Cette situation hautement inflammable à donné lieu à quatre mois de manifestations quasi-quotidiennes, d’avril et juillet, exigeant le départ du président Maduro, hautement impopulaire, avec à peine 20% d’opinions favorables en septembre, d’après le cabinet Datanalisis.

Voici les trois raisons qui expliquent l’endurance du dirigeant socialiste.

– Le contrôle des pouvoirs –

Maduro et son camp doivent leur longévité à un contrôle des pouvoirs associé à une alliance de fait avec l’armée, avec la présence de plus en plus marquée de militaires au sommet du pouvoir.

Avec les récentes nominations de gradés aux portefeuilles stratégiques du Pétrole et du Commerce extérieur, ce sont désormais 14 ministres sur 32 qui sont des militaires d’active ou à la retraite.

“Un ingrédient essentiel de la recette, c’est le contrôle des militaires. En les achetant et en partageant le pourvoi avec eux, le gouvernement a réussi à neutraliser la moindre menace venant des forces armées”, explique à l’AFP Michael Shifter, président du groupe de réflexion Dialogue interaméricain, à Washington.

Selon l’opposition, le chavisme contrôle également les pouvoirs judiciaire et électoral, ainsi que l’Assemblée constituante qui seront essentiels lors de la présidentielle de 2018.

Cette concentration des pouvoirs s’est accompagnée ces derniers jours d’une série d’arrestations d’ex-dirigeants du groupe pétrolier d’Etat PDVSA et figures du premier cercle présidentiel. Cette “purge” au sommet obéit à une lutte au sein du chavisme (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013), à un an de la présidentielle, estime l’analyste Axel Capriles.

“C’est un affrontement entre ceux qui tirent parti de la corruption, il s’agit d’une guerre interne entre des mafias révolutionnaires pour décider qui reste avec le butin”, a-t-il écrit sur Twitter.

– Une opposition divisée et affaiblie –

Le gouvernement et l’opposition doivent reprendre vendredi le dialogue en République dominicaine, pour tenter de trouver une solution à la grave crise politique et économique qui secoue le pays pétrolier.

Mais “l’opposition est à son point le plus bas de ces dernières années, épuisée, démoralisée, apeurée et sans stratégie politique de leadership”, juge M. Shifter.

Maduro “va essayer de profiter de cette faiblesse, y compris via une élection anticipée”.

Un diagnostic que partage le cabinet Eurasia pour qui “l’opposition est suffisamment désespérée pour laisser de côté un certain nombre d’exigences dans ces négociations” afin de trouver un compromis.

– Un système clientéliste –

Pour faire face à la pénurie d’aliments, qui a atteint des pics de 80%, le chef de l’Etat a lancé en 2016 un programme d’aliments subventionnés destinés aux zones populaires, touchant ainsi six millions de familles.

Mais pour accéder à ce programme, le “carnet de la Patrie”, carte dotée d’un code qui permet à la fois de voter et de bénéficier des programmes sociaux, est indispensable. L’opposition voit dans ce document, remis à 16 millions de personnes, un mécanisme de contrôle social.

Le camp présidentiel “essaye de consolider sa structure clientéliste pour se maintenir au pouvoir”, estime le politologue Luis Salamanca.

Pour toutes ces raisons “nous continuons à croire que Maduro sera en mesure de manipuler avec succès les conditions de l’élection de l’an prochain afin de s’assurer la victoire et rester au pouvoir”.

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