Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition de centre droit, a voté mardi l’ouverture d’un procès en destitution contre le président socialiste Nicolas Maduro, accusé de «coup d’État», précipitant davantage ce pays pétrolier dans la crise.
Les députés ont adopté «l’ouverture d’une procédure contre Nicolas Maduro» afin d’examiner sa «responsabilité pénale, politique et les manquements au devoir de sa charge», selon la résolution.
En outre, le Parlement, que Nicolas Maduro ne reconnaît plus et que le tribunal suprême de justice (TSJ) a déclaré en infraction, a convoqué le chef de l’État mardi prochain pour qu’il «se soumette au vote du peuple».
La portée de ce vote n’est pas claire, le TSJ ayant bloqué tous les projets de loi du Parlement depuis qu’il a basculé dans l’opposition en janvier, mettant fin à 17 ans d’hégémonie chaviste (du nom du défunt ex-président Hugo Chavez, 1999-2013).
Le TSJ, qui accuse le Parlement d’être en infraction pour avoir réintégré dans ses rangs trois députés d’opposition dont l’élection avait été suspendue après des recours pour fraude, a également autorisé le président à contourner le Parlement pour valider le budget 2017 par décret.
Autre inconnue de taille : si le procès en destitution n’existe pas en tant que tel dans la Constitution vénézuélienne, la procédure pour manquements au devoir de sa charge, c’est-à-dire lorsque le chef de l’État ne remplit plus ses fonctions, y figure bien, soulignent les juristes.
De retour d’une tournée au Moyen-Orient, Nicolas Maduro a atterri mardi après-midi au Venezuela, tandis que des milliers de ses partisans défilaient dans les rues de Caracas, à la veille de la grande manifestation nationale de l’opposition.
À la surprise générale, le chef de l’État avait fait escale lundi à Rome pour s’entretenir avec le pape François, tandis qu’en parallèle, un envoyé du Vatican s’entretenait au Venezuela avec des responsables de l’opposition et du gouvernement pour tenter de rétablir le dialogue, entraînant une certaine confusion.
L’annonce surprise de discussions survenait à un moment d’extrême tension, après la suspension par le Conseil national électoral (CNE) du processus en vue d’un référendum révocatoire, qui devait entrer dans sa dernière ligne droite cette semaine.
De grandes figures de l’opposition au Venezuela ont ensuite rejeté mardi cette offre de dialogue du gouvernement socialiste, lancée à l’appel du pape.
L’opposition reproche au chef de l’État, héritier politique du défunt Hugo Chavez (1999-2013), d’avoir plongé ce pays producteur de pétrole dans une grave crise économique en n’ayant pas su prévoir la chute des cours du brut ni y réagir à temps.
Cette crise aux conséquences désastreuses, avec une pénurie de 80% des aliments et l’inflation la plus élevée au monde (475% cette année puis 1660% en 2017, selon le FMI), a rendu très impopulaire le président Maduro : plus de six Vénézuéliens sur dix se disent prêts à voter pour sa révocation.
Source : AFP