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Vestager, la Danoise qui défie Google à Bruxelles

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Vestager, la Danoise qui défie Google à Bruxelles

Google, Apple, Starbucks: la Danoise Margrethe Vestager s’impose depuis plus de deux ans comme une des stars de la Commission européenne, une quadragénaire pugnace qui défie les multinationales. Un tremplin pour ses ambitions bruxelloises.

A 49 ans, cette ancienne ministre de l’Economie est devenue un des meilleurs VRP des institutions européennes, alors qu’elle est issue d’un pays où l’UE n’a pas toujours bonne presse.

Son coup d’éclat: avoir contraint Apple à rembourser à l’Irlande 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux indus en août 2016, un an après avoir déjà exigé de Starbucks qu’il rembourse des aides reçues “illégalement” par les Pays-Bas.

Fin juin, elle a infligé à Google l’amende la plus élevée de l’histoire de l’UE pour abus de position dominante: 2,42 milliards d’euros. Deux autres enquêtes courent toujours contre l’Américain.

Google a toutefois lancé une contre-offensive contre la Commission européenne en déposant lundi un recours contre cette amende record.

Avec le groupe étatique russe Gazprom, accusé de profiter de sa domination pour pratiquer des prix excessifs en Europe de l’est, elle a pour l’instant choisi la voie de la négociation.

Responsable d’un des portefeuilles les plus importants de la Commission, celui de la Concurrence, elle dispose d’un réel pouvoir de sanctions.

Et jusqu’ici, elle a su s’en servir avec habileté, démontrant l’utilité de l’institution bruxelloise, considérée par de nombreux Européens comme trop technocratique et trop faible face aux lobbies.

Dans un récent entretien à l’AFP, elle dit avoir vraiment pris goût aux affaires européennes quand elle était ministre de l’Economie au Danemark.

“Trois mois après mon arrivée en fonction, mon pays a eu la présidence tournante de l’UE pour six mois (premier semestre 2012) Je présidais les réunions des ministres européens des Finances, je décidais de l’ordre du jour”, raconte-t-elle.

“Une chose que j’ai alors trouvée incroyable et que je continue à trouver incroyable, c’est que nous parvenons à trouver des solutions et à nous entendre alors que nous avons des cultures politiques totalement différentes”, explique-t-elle.

– ‘Margarethe III’ –

Comme tous les Scandinaves, elle parle couramment l’anglais, mais s’exprime plus timidement en français, bien qu’elle possède une demeure sur une île au large de la côte atlantique en France.

Quand elle occupait le ministère danois de l’Economie, l’UE était en pleine crise bancaire et c’est à cette époque que furent établies les règles européennes pour éviter de faire payer les contribuables en cas de banques défaillantes.

Elégante, directe et simple, elle a su imposer son style au sein la Commission présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui a pris ses fonctions en novembre 2014.

“Ses collaborateurs l’apprécient beaucoup. Elle entretient des rapports très peu hiérarchiques”, confie une source qui travaille au même étage.

Grande, cheveux courts poivre et sel, yeux bleus ou verts, elle entretient sa silhouette en faisant du jogging quatre à cinq fois par semaine.

Avec les journalistes, cette fille de pasteurs luthériens cultive cette même impression d?accessibilité.

Elle les accueille elle-même dans son bureau, décoré de ses photos de famille – où l’on peut voir ses trois filles – et de tableaux originaux, dont deux de l’artiste danoise Kristina Gordon qui représentent des créatures imaginaires joyeuses.

Parfois surnommée “Margrethe III”, une allusion à la reine du Danemark Margrethe II, cette diplômée en sciences politiques avait été en 1998 la femme la plus jeune à devenir ministre dans son pays, à 29 ans, chargée de l’Education.

Sous son impulsion, son parti social-libéral avait doublé son score aux législatives de 2011. Mariée à un professeur de mathématiques, elle aurait en partie inspiré la très populaire série télévisée danoise “Borgen, une femme au pouvoir”.

Certains lui prédisent un avenir à la tête de la Commission européenne après les élections de mai 2019. Elle affirme à l’AFP ne pas y penser pour l’instant.

“Cela peut paraître étrange, mais ça m’a toujours servi de ne pas trop me projeter en avant. Ma philosophie est d’essayer de faire mon métier le mieux possible. Et dans ce cas-là, le métier suivant arrive tout naturellement. Par conséquent, il faut donner le meilleur de soi-même, et probablement, ou espérons-le, je serai à nouveau là lors de la prochaine Commission”.

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