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Violences faites aux femmes: forte mobilisation dans la rue avant la clôture du “Grenelle”

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Violences faites aux femmes: forte mobilisation dans la rue avant la clôture du “Grenelle”

“Agresseur, harceleur, t’es foutu, les femmes sont dans la rue”: des manifestants en nombre ont battu le pavé samedi dans toute la France pour dire “stop” aux violences sexistes et sexuelles, une “marée violette” pour peser sur le gouvernement à deux jours de la fin du “Grenelle” lancé contre ce fléau.

A Paris, derrière la banderole de tête tenue par l’Union nationale des familles de féminicide (UNFF), plusieurs personnes portaient des pancartes affichant la photo de leur proche assassinée.

Depuis le début de l’année 2019, au moins 116 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte et une étude au cas par cas menés par l’AFP. Le collectif féministe “Féminicides par compagnons ou ex” a lui dénombré 137 femmes tuées dans un cadre conjugal depuis le 1er janvier.

Sur toute l’année 2018, le chiffre avait atteint 121 femmes victimes, selon le ministère de l’Intérieur.

“Dans 32 féminicides, c’est Noël”, pouvait-on lire samedi sur une pancarte du cortège parisien, composé de femmes en majorité mais aussi d’hommes, et parti vers 14h30 de la place de l’Opéra, pleine de monde, dans une ambiance à la fois festive et empreinte de gravité.

Ils n’étaient qu’une petite poignée à arborer un gilet jaune, noyée dans la “marée violette”, la couleur des marches contre les violences faites aux femmes.

Une grande banderole s’élevait contre une “justice complice”, tandis qu’une multitude de pancartes proclamaient: “Ras le viol”, “Féminicides, pas une de plus”, “Brisons le silence, pas les femmes”, “Qui ne dit mot ne consent pas” ou encore “Aux femmes assassinées la patrie indifférente”.

Près de 70 organisations (Planning familial, CGT, CFDT, EELV, LFI, PS, Unef, PCF, SOS homophobie…) et de nombreuses personnalités se sont jointes au défilé parisien. Parmi elles, les comédiennes Muriel Robin, Alexandra Lamy, Julie Gayet, Sandrine Bonnaire et Eva Darlan, l’ancienne ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, ou encore Vincent Trintignant – le frère de Marie, tuée par Bertrand Cantat en 2003.

En province, une trentaine de marches étaient organisées, notamment à Lille, Bordeaux, Strasbourg… Mais aussi à Saint-Étienne où 220 personnes ont bravé la pluie dans la matinée, a constaté une journaliste de l’AFP.

A Toulouse, la marche a rassemblé plusieurs centaines de manifestants selon l’AFP. “A bas, à bas le patriarcat”, “On se laissera plus jamais faire”, scandaient les manifestantes. Dans la ville rose, le traditionnel cortège des “gilets jaunes” a opéré la jonction avec le défilé féministe, certains se mêlant aux rangs déjà formés, d’autres préférant fermer la marche.

La marche de Rennes a rassemblé également plusieurs centaines de manifestants, et surtout de manifestantes. “On se sent tous concernés, c’était important de venir. (…) La prise en charge (des femmes victimes de violences, ndlr) doit être différente dans les gendarmeries”, estimait Léa, étudiante de 19 ans.

L’an passé, près de 50.000 personnes s’étaient rassemblées fin novembre dans toute la France dont 30.000 à Paris selon les organisatrices, la police ayant compté de son côté 12.000 manifestants dans la capitale.

“On pense que ça va être une marche historique”, a déclaré samedi l’une des organisatrices, Caroline De Haas, convaincue que “le niveau de conscience (…) sur la question des violences est en train de bouger de manière assez radicale”.

– “Manque de moyens” –

La militante féministe a cependant pointé un “manque de moyens” et une “absence de réponse à la hauteur de la part du gouvernement”. Elle réclame un milliard d’euros par an pour la lutte contre les violences faites aux femmes, alors que le budget qui lui est consacré est de 361,5 millions d’euros, selon des chiffres du secrétariat d’État à l’Égalité femmes-hommes.

Cette mobilisation survient juste avant la clôture lundi du “Grenelle contre les violences conjugales”, lancé début septembre pour tenter d’enrayer ce fléau. Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné d’une douzaine de membres du gouvernement, doit y annoncer ou confirmer une quarantaine de mesures, dont celles dévoilées au lancement de ce chantier le 3 septembre.

Parmi les mesures retenues, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a annoncé que les violences psychologiques allaient être inscrites “dans la loi”, afin d’être “mieux repérées et condamnées”.

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