Le Maroc a déploré mardi la décision de la France de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard des ressortissants du royaume, la qualifiant d'”injustifiée”.
“Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée”, a déclaré le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse avec son homologue mauritanien Ismaël Ould Cheikh Ahmed.
Paris a annoncé la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie en raison du “refus” de ces pays du Maghreb de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
“Le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes, avec une logique de responsabilité et d’équilibre entre la facilitation des déplacements des personnes (…) et la lutte contre la migration clandestine”, a affirmé M. Bourita.
“La décision (de la France) est souveraine. Le Maroc va l’étudier, mais les raisons qui la justifient nécessitent de la précision, un dialogue, car elles ne reflètent pas la réalité”, a ajouté le ministre.
Ce durcissement de l’octroi des visas aux ressortissants maghrébins survient à moins de sept mois de la présidentielle en France, en plein débat sur l’immigration.
“C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France”, a justifié le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, sur la radio Europe 1.
– “Problème franco-français” –
La principale pomme de discorde concerne les laissez-passer consulaires (LPC) qui ne sont délivrés qu’au compte-goutte, selon Paris, freinant des expulsions vers le Maroc déjà rendues compliquées par la crise sanitaire et les fermetures des frontières.
Ainsi, selon le ministère français de l’Intérieur, le Maroc a délivré 138 de ces documents entre janvier et juillet, avec “un taux de coopération” de 25%.