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Vives inquiétudes au Yémen pour les civils de Hodeida

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Vives inquiétudes au Yémen pour les civils de Hodeida

Combattants progouvernementaux et rebelles se sont de nouveau affrontés mardi autour de la ville portuaire de Hodeida, sur la côte ouest du Yémen, où des centaines de milliers de civils pourraient se retrouver piégés par une escalade des violences.

Cinq jours d’affrontements entre forces loyalistes, soutenues par une coalition sous commandement saoudien, et rebelles Houthis, appuyés par l’Iran, ont fait au moins 150 morts de part et d’autre.

Ce bilan partiel inclut les corps de 49 Houthis amenés mardi matin dans deux hôpitaux de Bajil, un quartier de Hodeida, selon des médecins.

Les rebelles ont confirmé que les combats, accompagnés de raids aériens, avaient été violents, via leur chaîne de télévision Al-Massirah. Celle-ci a déclaré que les Houthis avaient en échange “visé les envahisseurs et les hypocrites, sur le littoral” de la mer Rouge, où se trouve Hodeida.

La coalition antirebelles, dont les deux piliers sont l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, a assuré qu’elle n’avait aucunement l’intention de lancer une offensive totale sur cette cité portuaire, précisant que les opérations en cours visaient à “élargir les périmètres de sécurité dans certaines zones”.

Des responsables des forces progouvernementales yéménites ont cependant fait état de tentatives d’encercler la ville et de couper des voies d’approvisionnement des Houthis.

Ces développements militaires interviennent alors que la crise humanitaire s’aggrave au Yémen, où 14 millions de personnes sont en situation de pré-famine selon l’ONU, qui tente par ailleurs de relancer des pourparlers de paix d’ici fin novembre.

– Arabie affaiblie –

L’affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul, a considérablement affaibli la diplomatie saoudienne et Washington a pressé Ryad la semaine dernière d’accélérer un règlement politique au Yémen.

Lundi soir, les chaînes de télévision saoudiennes ont diffusé des images du prince héritier Mohammed ben Salmane rendant visite dans un hôpital de Ryad à des soldats “blessés au combat à la frontière sud”. Il a rendu hommage à leur “courage” et leur a remis des médailles, a précisé l?agence officielle SPA.

Save the Children a estimé que la “sérieuse escalade” à Hodeida “pourrait mettre des dizaines de milliers d’enfants dans la ligne de feu et étouffer davantage la distribution de vivres et de médicaments”.

Près des trois quarts de l’aide humanitaire entrant au Yémen transite par le port de Hodeida.

La même inquiétude a été exprimée par une autre ONG, le Norwegian Refugee Council, qui a averti que l’intensification des combats et des raids aériens risquait de “détériorer davantage l’accès des civils à l’aide”.

Depuis plusieurs mois, la coalition antirebelles donne l’impression d’être dans une impasse militaire.

Le pays est de fait quasiment divisé en deux, les forces progouvernementales contrôlant le sud et une bonne partie du centre et les rebelles le nord et une bonne partie de l’ouest.

Outre Hodeida, les Houthis sont maîtres de la capitale Sanaa depuis fin 2014.

Le gouvernement, qui s’est replié à Aden (sud), tente désespérément de sauver une économie en faillite.

Réuni lundi soir pour la première fois avec le nouveau Premier ministre Maïn Saïd, nommé le 15 octobre, le cabinet a approuvé la formation d’un comité chargé d’établir le budget du gouvernement pour 2019. S’il est approuvé, il s’agira seulement du deuxième budget adopté depuis 2014.

– Chute du riyal –

Le Conseil des ministres a aussi adopté une résolution sur la perception de taxes et de droits de douane “sur toutes les importations taxables” dans tous les points d’entrée “terrestres, maritimes et aériens des zones libérées” ou dans les zones sous contrôle gouvernemental, a précisé mardi l’agence gouvernementale Saba.

Le riyal, la monnaie locale, a perdu plus de 36% de sa valeur en 2018, malgré un dépôt saoudien de deux milliards de dollars à la Banque centrale.

La chute du riyal a provoqué une forte hausse des prix des produits de base, en particulier des denrées alimentaires et du carburant, plaçant des millions de personnes en situation de détresse.

Pays le plus pauvre du monde arabe, le Yémen est aujourd’hui le théâtre de ce que l’ONU appelle la pire crise humanitaire du monde. L’Unicef l’a qualifié d'”enfer sur terre” pour des millions d’enfants.

Le gouvernement yéménite a été remanié le mois dernier avec le remplacement soudain du Premier ministre Ahmed ben Dagher par M. Saïd, qui entretient des liens à la fois avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Les Emirats et leurs alliés yéménites dans le sud accusaient le gouvernement de M. ben Dagher d'”incompétence” et de “corruption”.