Home Pure Info Volvo Ocean Race: le Royal Hong Kong Yacht Club, contre ville et marées

Volvo Ocean Race: le Royal Hong Kong Yacht Club, contre ville et marées

0
Volvo Ocean Race: le Royal Hong Kong Yacht Club, contre ville et marées

Dans une ville qui a toujours préféré détruire et reconstruire plutôt que restaurer, la survie du site principal du Royal Yacht Club de Hong Kong (RHKYC), entre tunnels et voies rapides, tient du miracle.

A force de récupérer la terre sur la mer, Kellett Island, qui accueille son prestigieux clubhouse, n’a plus d’insulaire que le nom. Mais c’est un îlot de résistance en plein centre d’une baie de Victoria que l’urbanisation a irrémédiablement défigurée et rétrécie.

Sur la quinzaine de kilomètres de l’emblématique front de mer de l’Île de Hong Kong, voici le dernier morceau de littoral originel.

Une dizaine de mètres de rochers entre deux digues, un tout petit coin de sable: ici bat le coeur de la tradition nautique hongkongaise.

“Nous comptons environ 5.400 membres, ce qui fait que nous sommes le plus grand yacht club au monde”, annonce fièrement le Commodore du RHKYC, Robert Stoneley alors que Hong Kong accueille pour la première fois la Volvo Ocean Race, course autour du monde à la voile en équipage avec escales.

La vénérable institution est née sous son nom actuel en 1894, après des fusions successives. Le plus vieux club de sport à Hong Kong datait de 1849, soit huit ans après que Londres hissa son drapeau sur le “rocher stérile”.

Chassé par des récupérations de terres de sa base initiale sur l’île de Hong Kong, le RHKYC se réfugia en 1938 sur Kellett Island, alors à plus de 150 mètres du littoral.

– Avant les Britanniques –

“Cette île avait été utilisée bien avant l’arrivée des Britanniques”, raconte Robert Stoneley. Mais ce furent ces derniers qui y construisirent dès 1844 un fort pour défendre leur nouvelle possession.

Avec l’extension de la colonie sur le continent, de l’autre côté de la baie, l’île perdit son intérêt stratégique, ce qui permit au RHKYC de s’y installer juste avant l’invasion japonaise.

Après guerre cependant, le péril ne vint plus de la mer mais de l’inexorable avancée de la terre. D’abord reliée à Hong Kong par un pont-jetée, l’île finit complètement phagocytée.

Dans le grand escalier du clubhouse au chic colonial, d’émouvantes photos aériennes passées chroniquent la fin progressive de l’insularité de Kellett, comme autant de témoignages de ce que fut un jour Hong Kong.

Le RHKYC sentit le vent du boulet dans les années 1970 avec l’annonce d’un projet qui devait faire passer une autoroute là où se trouve aujourd’hui sa piscine. Elle fut finalement enterrée.

“Il y eut une réaction très forte de la population du fait de la beauté du rivage”, explique M. Stoneley.

En vertu d’une ordonnance de 1997, plus aucune nouvelle récupération de terre ne peut être votée. “Mais c’est Hong Kong, il y a toujours un risque”, concède M. Stoneley.

En attendant, les projets déjà lancés se poursuivent à proximité, comme ceux de deux nouveaux tunnels.

Et ce n’est pas le clapotis des vagues qui berce les voiliers aux pontons du club, mais le vacarme incessant des travaux et des voitures lancées à côté sur une dizaine de voies rapides.

© 2018 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.