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Zabbaan, la startup qui met le Mali en bouteille

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Zabbaan, la startup qui met le Mali en bouteille

Les pétales d’hibiscus écarlates infusent dans une grande marmite avec les feuilles vertes du kinkeliba. Une pincée de “pain de singe”, le fruit du baobab, et de gingembre, et la boisson baptisée “Prince” est prête à être goûtée puis mise en bouteille au Mali.

Aïssata Diakité, 28 ans, ingénieure en agro-business, a lancé Zabbaan, une gamme de jus de fruits 100% naturelle, en se réappropriant les méthodes traditionnelles de son enfance à Mopti, dans le centre du Mali, sur les bords du fleuve Niger.

C’est là qu’elle a mûri ce projet, parallèlement à ses études en France. “Quand j’étais étudiante, je venais chaque année en vacances au Mali. Il m’a fallu une voiture pour aller dans la zone rurale échanger avec des agriculteurs, comprendre les saisonnalités, comment gérer la contre-saison”, raconte avec passion la jeune femme.

Elle a créé en 2016 Zabbaan en référence au zaban, un type de liane poussant dans la brousse, mais c’est en décembre 2017 qu’elle a officiellement lancé sa start-up, devant une centaine d’acteurs économiques au Mali.

“Produisons ce que nous consommons. Par cela, nous créons de l’emploi et de la richesse”, s’est félicité à cette occasion le ministre du Développement industriel Mohamed Aly Ag Ibrahim, saluant “un modèle qui doit inspirer”, celui d’une “jeune dame de la diaspora qui quitte l’étranger pour venir investir dans son pays et réussir son challenge”.

Une semaine auparavant, Bamako accueillait le forum “Invest in Mali”, dont Aïssata Diakité était l’une des ambassadrices. Ce forum vise à exposer les opportunités du pays, malgré l’instabilité qui s’étend, en particulier dans la région natale de la jeune cheffe d’entreprise.

– Bouteilles aristocratiques –

“Venir au Mali aujourd’hui est un acte de foi”, a reconnu le président Ibrahim Boubacar Keïta dans son discours d’inauguration du forum, qui a généré des promesses d’investissements de 34 milliards de FCFA (environ 51 millions d’euros), dans le ciment, l’énergie solaire en milieu rural et la production d’emballages, selon les organisateurs.

La foi, Aïssata Diakité, qui a hérité de la fibre entrepreneuriale de ses parents, n’en manque pas, ni de persévérance. “Le temps d’avoir tout un réseau d’agriculteurs c’est pas évident, ça m’a pris environ trois ans”, précise-t-elle.

L’entreprise emploie aujourd’hui 65 personnes et produit en moyenne 1.000 bouteilles par jour, commercialisées principalement dans les supermarchés de Bamako au prix de 500 F CFA (environ 75 centimes) la bouteille.

Afin de pénétrer de nouveaux marchés et d’exporter, Zabbaan est en cours de certification bio.

La marque s’appuie notamment sur des recettes à base de feuilles, de tiges, de fleurs ou de fruits issus de la savane africaine, dont “la plupart sont sauvages”, comme le baobab, le zaban ou le kinkeliba, plante connue pour ses propriétés diurétiques.

“On travaille avec des réseaux d’agriculteurs qui nous approvisionnent et ont souvent hérité de terres de père en fils. Ces produits sont également employés dans la médecine traditionnelle africaine”, poursuit-elle.

– Moringa, hibiscus, baobab –

Ce matin, l’équipe de production est à la tâche. Avant la mise en bouteille de “Prince”, un des produits les plus appréciés, une dégustation s’impose et c’est un travail d’équipe.

“Certaines personnes pensent qu’il manque du gingembre, donc on va retoucher un peu, on va ajouter un peu de gingembre”, explique Lala Coulibaly, responsable qualité et hygiène, vêtue d’une blouse blanche.

Du “roi” (mangue et baobab) à la “guerrière” (moringa, hibiscus, menthe et baobab) en passant par le “prince” ou le “duc” (zaban et baobab), etc, chaque bouteille porte un nom évoquant l’épopée de l’Empire mandingue, l’un des plus vastes qu’ait connus l’Afrique de l’Ouest.

Une réminiscence des histoires que lui racontait sa grand-mère, confie Aïssata Diakité: “On a associé les noms de la marque avec l’histoire de la famille royale: du roi à la reine, jusqu’au guerrier…”

La fondatrice de Zabbaan travaille déjà à un nouveau projet: l’extraction et l’exportation d’arômes naturels “made in Mali”.

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