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Au Japon, une ex-hôtesse de l’air prend son envol aux législatives

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Au Japon, une ex-hôtesse de l’air prend son envol aux législatives

Une vieille dame toute voutée sur sa canne observe pleine de curiosité la jeune Asami Miwa, ancienne hôtesse de l’air venue faire campagne dans une circonscription rurale du Japon.

Agitant ses mains gantées de blanc, se courbant devant les électeurs potentiels sous la bruine de la préfecture de Saitama, à une heure au nord de Tokyo, la candidate trentenaire du tout nouveau Parti de l’espoir est une rafraîchissante tache de couleur dans un monde peuplé d’hommes en costumes sombres.

“Le Japon fait de beaux discours sur le rôle des femmes dans la société”, dit Mme Miwa à l’AFP, tandis que la petite dame au visage tanné par les ans lui souhaite bonne chance et repart en trottinant.

“Mais nous sommes si peu nombreuses en politique”, ajoute-t-elle en remontant dans une camionnette surmontée de hauts-parleurs et ornée de posters portant sa photo et celle de la fondatrice du parti, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike. “Pour une femme, le seul fait d’envisager de se lancer dans la politique est tabou”.

La petite camionnette blanche qui sillonne les rues tous mégaphones hurlants émeut bien peu les passants dans le quartier somnolant d’Obukuro de la ville de Koshigaya, connue pour la fabrication des rondes figurines rouges de bois appelées “daruma”, qui peuplent les magasins de souvenirs.

“Bonjour”, clame au micro un aide de campagne, surnommé “corneille” dans le jargon politique au Japon, tandis qu’Asami Miwa salue de la main en tous sens. “Asami Miwa, Asami Miwa, je représente le parti de la gouverneure Koike. Traitez-moi avec gentillesse s’il vous plaît”.

Mme Miwa, qui était hôtesse de l’air pour la compagnie low cost Peach avant un changement radical de carrière, saute de son véhicule dès qu’elle voit des passants, serre les mains, fait maintes courbettes et distribue ses tracts.

– Une femme au pouvoir ? –

“Je veux donner une voix aux femmes”, dit l’ancienne mannequin à temps partiel, “si les femmes ne se lancent pas en politique, c’est parce que la société japonaise pense qu’elles sont là pour se marier et élever des enfants. On vous accuse d’abandonner votre famille si vous optez pour la politique”, dit cette mère d’une fillette de sept ans.

Comme le ferait une politicienne rodée, la jeune femme a préparé ses métaphores, tirées de son expérience passée dans une cabine d’avion pressurisée à 9.000 mètres du sol.

“A chaque fois que vous montez à bord, vous vous retrouvez dans un avion plein de passagers de toutes sortes”, dit Mme Miwa, qui s’oppose à la coalition au pouvoir du Parti libéral démocrate (PLD) du Premier ministre Shinzo Abe.

“Mais une fois que vous avez décollé, vous partagez le même espace et devez quoiqu’il arrive les servir et assurer leur sécurité. C’est pareil en politique: il faut entendre toutes sortes d’opinions de la part des électeurs et être responsable vis-à-vis de tous les habitants de votre circonscription”.

La Corée du Nord, dont les menaces sur le Japon ont été très présentes dans la campagne, est une de ses préoccupations principales. “La façon dont le Japon traite le problème nord-coréen est un sujet majeur”, dit-elle.

“Ils pourraient larguer un missile sur nous à n’importe quel moment et nous devons nous demander si la politique de M. Abe concernant les sanctions va assez loin”.

“J’ai rejoint le Parti de l’espoir parce que je pense qu’il est temps que nous soyons dirigés par un femme”, dit-elle dans une allusion à la gouverneure de Tokyo, perçue comme pouvant devenir un jour la première femme Premier ministre du Japon.

“Les lib-dem ont été au pouvoir trop longtemps, ça ne peut plus durer”, lance-t-elle dans une allusion au PLD, au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 1955. “Les gens ont besoin de choix, ils ont besoin d’espoir”.

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