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Ces Bulgares rentrés avec la pandémie, espoirs d’un pays dépeuplé

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Ces Bulgares rentrés avec la pandémie, espoirs d’un pays dépeuplé
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Partis de Bulgarie il y a plusieurs années, ils se sont retrouvés au chômage ou en télétravail à cause de la pandémie de Covid-19 et sont rentrés dans leur pays natal.

Une bouffée d’espoir pour cette terre dépeuplée qui a vu revenir l’an dernier 37.364 des siens, soit six fois plus que le nombre de départs, du jamais vu depuis la fin du communisme.

Cette tendance est observée dans l’ensemble du sud-est de l’Europe, selon un récent rapport du Fonds des Nations unies pour la population qui appelle les gouvernements de la région à saisir l’occasion pour stopper “l’hémorragie démographique à l’oeuvre depuis des décennies”.

Nicko Ventsislav, 29 ans, est l’un de ces “rapatriés”.

Au printemps 2020, il perd son emploi à l’aéroport de Nice, dans le sud-est de la France. A l’origine, il “n’avait pas envie” de quitter la Côte d’Azur.

“Mais au 70e jour du confinement, j’ai commencé à regarder les offres d’emploi”, raconte-t-il à l’AFP.

– “Combinaison idéale” –

Il s’est alors laissé séduire par la proposition d’une compagnie de sous-traitance, Telus International Bulgaria, destinée aux Bulgares de l’étranger.

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A la clé, une enveloppe de 5.000 leva (2.500 euros) pour l’aider à s’installer, et des conditions attractives.

Depuis 2017, l’entreprise a réussi à faire revenir 150 ressortissants. “La pandémie a servi de catalyseur à ce processus”, souligne sa directrice, Kristina Ivanova, qui salue “leur expérience et leur connaissance” d’autres langues et cultures.

Desislava Nikolova, 38 ans, est quant à elle chef de projet dans l’enseigne de sport française Decathlon. Depuis le printemps 2020, elle a passé une grande partie de son temps en Bulgarie grâce au travail à distance.

“Je reçois un salaire occidental que je dépense en Bulgarie où la vie est beaucoup moins chère: c’est la combinaison idéale!” explique-t-elle, tout en pianotant sur son ordinateur dans un café de la capitale Sofia.

Elle apprécie aussi “de renouer contact avec ses amis et famille”. “Même si je ne compte pas revenir de manière permanente, j’aimerais passer la moitié de l’année ici”.

– Corruption et théories du complot –

L’ONG Touk-Tam (Ici et là), qui accompagne la réintégration de ces “revenants”, vante “la bulle bulgare” loin de la frénésie des grandes villes occidentales: “accès facile à la mer, à la montagne, bon équilibre entre travail et loisirs”, énumère son chef Hristo Boyadjiev.

Un tableau idyllique tempéré par certains, qui déplorent l’inefficacité de l’administration, “l’arrogance de la classe politique”, les scandales.

Paskal Jelezov, 29 ans, salarié d’une entreprise britannique revenu après 14 ans passés aux Etats-Unis, se dit “époustouflé par le pessimisme, même le nihilisme” et la propagation des théories du complot.

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Le retour de ces Bulgares, dont beaucoup se sont joints aux manifestations massives anti-corruption de l’été 2020, a apporté un souffle de changement.

Mais resteront-ils? “La majorité des entreprises n’ont pas réussi à les garder malgré la pénurie de main-d’oeuvre, en raison des salaires non compétitifs”, analyse Tomtcho Tomov, de la Chambre d’Economie bulgare.

– “Bulgaria wants you” –

Mariya Peykova, 32 ans, a hâte de retrouver Paris après un an de télétravail dans le secteur de la finance: “La ville me manque avec ses pistes de vélo, sa beauté et son caractère cosmopolite”, confie-t-elle.

Pour tenter de préserver l’élan dans ce pays le plus pauvre de l’UE, dont la population a chuté de 9 millions d’habitants à 7 millions en 30 ans, les initiatives fleurissent.

Sur internet ou à la télévision, des programmes racontent les histoires à succès de ceux rentrés au pays dans l’espoir d’attirer les réfractaires.

“La vie à l’étranger finit par peser: on gagne de l’argent, c’est le temps de le dépenser qui manque”, explique à l’AFP l’animatrice de l’un de ces programmes, Petya Kertikova, qui a elle-même vécu aux Etats-Unis.

Un site intitulé “Bulgaria Wants You” (“La Bulgarie vous demande”) évoque “les impôts les plus bas et le plus long congé maternité d’Europe”.

“En Bulgarie, on travaille pour vivre, on ne vit pas pour travailler”, résume M. Jelezov. Malgré ses réserves, il compte bel et bien rester, “définitivement”.