Ce vendredi après-midi, le Premier ministre, Édouard Philippe, a rendez-vous avec des gilets jaunes. Si ceux-ci ont déjà laissé filtrer leurs doléances et revendications, Emmanuel Macron, lors de son déplacement en Argentine, a prévenu: il n’entend pas “reculer”. Nos éditorialistes listent les enjeux pesant actuellement sur l’exécutif. 

> “Donner l’impression qu’il n’y a pas de structuration politique”

“Le gouvernement est dans une guerre d’usure. Et recevoir les gilets jaunes à Matignon, ça participe de cette guerre d’usure pour donner l’impression que le mouvement n’arrive pas à se donner des représentants, et qu’il n’y a pas véritablement de structuration politique. C’est un problème pour le pouvoir, qui n’a pas d’interlocuteur, et c’est un problème aussi pour les gilets jaunes. (…) Il y a assez de désarroi, de situations réellement dramatiques pour qu’on n’ait pas à monter en épingle des cas un peu marginaux parmi les gilets jaunes. Le gouvernement les monte en épingle pour dire : ‘Vous voyez, tout ça, c’est quand même un peu folklorique’. Ça se retourne contre les gilets jaunes.”

> “Une revendication simple: ‘Vous les gouvernants, arrêtez de nous dire que rien n’est jamais possible'”

Si le gouvernement joue la montre, sa parole est très attendue, autant que ses actes, par les gilets jaunes, selon l’analyse de notre journaliste, Laurent Neumann: 

“Derrière les doléances des gilets jaunes, il y a l’attente d’une bienveillance de la part du gouvernement. Peut-être des mesures symboliques mais d’abord des mots. Et cette bienveillance n’a pas encore eu lieu, ni dans les propos du président de la République ni dans ceux du chef du gouvernement. C’est peut-être aussi ça, une des clés.”

Laurent Neumann tire également des enseignements de la liste de demandes dressée par les gilets jaunes: 

“Cette liste est très instructive car elle dit très précisément quel est l’état d’esprit des gilets jaunes. Ils demandent plus de pouvoir d’achat. Ça, je crois que tout le monde a compris. Cette liste demande plus d’exemplarité de la part de nos élus: salaire médian pour eux, c’est-à-dire qu’il faudrait diviser par deux voire par trois le salaire des députés ou des sénateurs. Elle demande moins d’inégalités sociales. Et au fond, qu’est-ce qu’elle dit, en allant d’ailleurs puiser des mesures que l’on trouve dans tous les programmes politiques? Elle dit quelque chose de simple: ‘Vous les gouvernants, arrêtez de nous dire que rien n’est jamais possible’. (…) On ne peut pas répondre à cette liste mais en revanche, elle dit quelque chose sur leur état d’esprit. Et ça veut dire qu’il faudra sans doute que le gouvernement lâche du lest d’une manière ou d’une autre.”