Gerry Adams cède officiellement les rênes du Sinn Féin à sa dauphine Mary Lou McDonald, samedi à Dublin, lors d’un congrès spécial du parti nationaliste irlandais qu’il a dirigé pendant plus de 34 ans.

Figure historique et acteur incontournable de la politique irlandaise, Adams avait été réélu une dernière fois à la tête de son parti en novembre, annonçant son intention de laisser rapidement la place à une nouvelle génération.

La transition se fait en douceur puisque c’est son ex-bras droit, Mary Lou McDonald, élue d’office faute de concurrents, qui lui succède après avoir passé près de dix ans à ses côtés en tant que vice-présidente.

A ceux qui y ont vu la main du chef historique, Gerry Adams a répondu qu’il ne tirerait plus les ficelles du parti, affirmant qu’il ne briguera pas de nouveau mandat au parlement irlandais et qu’il ne sera pas candidat à la présidence irlandaise comme certains observateurs lui en prêtaient l’intention.

– Génération IRA –

Incarnation historique du combat pour la réunification de l’Irlande, Gerry Adams reste mondialement connu et controversé pour ses rapports présumés avec l’Armée républicaine irlandaise (IRA), auteure de nombreux attentats sanglants contre la présence britannique entre les années 60 et 90.

Qualifié de meurtrier par les familles de victimes de l’IRA, il est tout autant perçu comme un artisan de la paix qui s’est installée progressivement en Irlande du Nord depuis vingt ans.

L’avènement de Mary Lou McDonald, 48 ans, sans lien direct avec le groupe paramilitaire, marque une transition symbolique pour le Sinn Féin, bien que la nouvelle présidente soit accusée de suivre la ligne traditionnelle du parti envers l’IRA.

Mais ses prises de position sur les inégalités sociales, en faveur des services publics ou de l’avortement concordent avec les orientations actuelles du Sinn Féin qu’elle incarne à présent.

Le parti, devenu sous Gerry Adams la deuxième force politique en Irlande du Nord et la troisième en République d’Irlande, aspire toujours à la réunification de l’île notamment en accédant aux responsabilités à Dublin et à Belfast.

Cette ambition est affichée depuis quelques temps par les indépendantistes, dont certains estimaient que la figure de Gerry Adams empêchait de franchir un nouveau cap.

– Opposition au Brexit –

Après avoir pu capitaliser davantage de soutien dans l’électorat en faisant campagne contre l’austérité consécutive à la crise financière, le Sinn Féin trouve aujourd’hui un écho sur les questions sociales.

Et il compte également sur sa ferme opposition au Brexit pour gagner davantage de voix, notamment en Irlande du Nord, qui avait voté à près de 56% contre la sortie de l’Union européenne et où il ne compte plus qu’un député de moins que le Parti unioniste démocrate depuis mars 2017.

Gerry Adams, qui fut longtemps élu au parlement de Belfast et de Westminster, a encore redit tout récemment à l’agence de presse britannique PA qu’avec le Brexit “l’idée d’une Irlande unie est bien plus présente dans le débat”.

Quant à la marque qu’il laissera sur le parti, il confie dans la même interview ne pas se préoccuper du regard de l’histoire, estimant “avoir fait de son mieux”.