Peu d’informations avaient filtré depuis l’annonce de la rencontre officielle entre le Premier ministre et les gilets jaunes ce vendredi. Et pour cause, l’organisation de ce rendez-vous s’est avérée plus que confuse. Selon Matignon jeudi, la délégation de gilets jaunes reçue serait “aussi représentative que possible” du mouvement, composée d’une partie ou de la totalité des huit représentants de la délégation.

Mais jeudi, deux des huit porte-paroles des gilets jaunes avaient d’ores et déjà décliné l’invitation d’Edouard Philippe, contestant la légitimité de leur délégation pour représenter le mouvement. Eric Drouet, l’un des récalcitrants, a publié plusieurs messages sur Facebook pour expliquer son refus de se rendre à Matignon, et écrit que “ceux qui accepteront d’y aller devront en accepter les conséquences.”

Pas de caméras, pas de débat

Vendredi à 14h30, Jason Herbert, ex-représentant des gilets jaunes, s’est toutefois présenté à Matignon, près d’une demi-heure après l’heure initiale fixée. Il déclare avant d’entrer ne rien attendre de ce rendez-vous et ne pas savoir si d’autres gilets jaunes allaient être présents. A ce moment là, il est le seul à s’être déplacé. Dans le même temps, la délégation des gilets jaunes déclare à BFMTV que la réunion pourrait être annulée, ajoutant à la confusion générale.

Les porte-paroles officiels du mouvement ont refusé de se rendre à Matignon en partie car le Premier ministre n’a pas voulu que l’entretien soit filmé. Or, les représentants ne souhaitaient pas être les seuls réceptacles de la parole d’Edouard Philippe, désirant rendre le débat visible pour tous les citoyens, dans un souci de transparence.

Quelques minutes après son entrée à Matignon, Jason Herbert a d’ailleurs quitté le rendez-vous, pour la même raison. “Je souhaitais que les 65 millions de Français ou peut-être un peu plus puissent entendre les discussions ou ce qui pouvait se dire”, a-t-il expliqué en sortant. Même s’il assure qu’avec le Premier ministre, “le dialogue est ouvert”, cette rencontre expéditive ajoute au désordre général.

Le gilet jaune inconnu

C’est peu après 15h que BFMTV apprend qu’un second gilet jaune est présent à Matignon. Un représentant qui a souhaité gardé l’anonymat, et avec qui Edouard Philippe assure avoir échangé “pendant plus d’une heure”. “Ce débat a été intéressant, il a été franc, il a été respectueux, il a été utile puisqu’il a nourri notre réflexion”, a déclaré le Premier ministre devant la presse à Matignon, ajoutant: “je tiens à dire que la porte de Matignon restera toujours ouverte”.

Sur les huit invités, seuls deux se sont donc présentés, et un seul a accepté de discuter avec le Premier ministre et le ministre de la Transition Écologique, ce dans le plus grand des secrets. 

Des représentants des gilets jaunes ont fustigé cette rencontre, notamment Eric Drouet dans une vidéo Facebook, quelques minutes après les déclarations d’Édouard Philippe. “On avait, en majorité, décidé de ne pas y aller (…) ça sert à quoi d’aller voir un Premier ministre un jour avant un rassemblement tel que celui de samedi? Ca ne sert à rien du tout.”

Selon Eric Drouet, le fait que l’entretien soit ou non filmé était un problème secondaire pour le mouvement: “Ils ont eu nos revendications mardi, maintenant s’ils veulent quelque chose ils n’ont qu’à faire des annonces concrètes à la télé pour avoir un début de négociation” déclare-t-il dans sa vidéo.