Home Pure Info Législatives en Autriche: vers un coup de barre à droite

Législatives en Autriche: vers un coup de barre à droite

0
Législatives en Autriche: vers un coup de barre à droite

Les Autrichiens se sont mobilisés dimanche pour des législatives dont le conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, est favori et pourrait faire face à l’épineuse question d’une alliance avec l’extrême droite s’il veut accéder à la chancellerie et devenir le plus jeune dirigeant d’Europe.

Ce scrutin est suivi avec attention dans une Europe exposée à la montée des partis populistes et anti-migrants.

Le chef de l’extrême droite aurichienne, Heinz-Chistian Strache, a prédit un score “historique” pour son parti, le FPÖ, en déposant son bulletin dans l’urne à Vienne.

M. Strache, 48 ans, espère décrocher des postes de ministre dans le futur gouvernement. Il y a quelques mois, son parti caracolait en tête des sondages.

La donne a changé lorsque Sebastian Kurz, actuel ministre des Affaires étrangères, a pris le contrôle, en mai, d’un parti chrétien-démocrate (ÖVP) à bout de souffle et a mis fin à dix années de grande coalition avec les sociaux-démocrates, provoquant des élections anticipées.

Ce jeune homme au visage adolescent est depuis lors le favori du scrutin, crédité d’une large avance avec environ 33% d’intentions de vote.

– “Wunderwuzzi” –

Chemise blanche, veste sombre mais sans cravate comme à l’accoutumée, il a voté dans le quartier populaire de Vienne où il a grandi, appelant à “un changement” pour l’Autriche gouvernée au centre depuis 2007.

Avec une image de modernité, un discours très ferme sur l’immigration, des promesses d’allègements fiscaux, le “Wunderwuzzi” (enfant prodige) de la politique autrichienne a galvanisé son parti, et au-delà.

Le chef du FPÖ et le chancelier social-démocrate (SPÖ) Christian Kern, 51 ans, sont donnés au coude à coude pour la seconde place.

Dimanche, Christian Kern a dit miser sur une “surprise” pour faire mentir les pronostics qui le donnent perdant après une fin de campagne entâchée d’un scandale de “fake news”.

Quelque 6,4 millions d’électeurs peuvent voter jusqu’à 17H00 (15H00 GMT). Les premières estimations sont attendues à la fermeture des bureaux de vote. Un nombre record de 890.000 bulletins par correspondance ont été distribués, dont le dépouillement, à partir de lundi, pourrait être décisif en cas de résultats serrés.

Crédité d’environ 25% d’intentions de vote, le FPÖ pourrait renouer avec le score historique réalisé en 1999 par Jörg Haider, prédécesseur et mentor de M. Strache. Le parti était alors entré au gouvernement au côté des conservateurs, entraînant des manifestations et des sanctions européennes, scénario aujourd’hui peu probable.

“La société est plus à droite aujourd’hui, la question des réfugiés a changé beaucoup de choses”, a confié à l’AFP Elisabeth Untermayer, une électrice du SPÖ de 68 ans qui avait manifesté contre le gouvernement “noir-bleu” en 2000.

– “Paradis” autrichien –

Si M. Kurz n’a exclu aucune option, une coalition avec le FPÖ est considérée comme l’hypothèse la plus probable.

“Je ne suis pas sûre que le pays ait besoin de grands changements”, confiait pourtant Tina Ernest, dans un bureau de vote. “En Autriche, nous vivons toujours au paradis”, ajoutait cette électrice.

Pays prospère, un des plus riches de l’UE, mais insécurisé par la crise migratoire, l’Autriche avait déjà exprimé en 2016 sa lassitude de la grande coalition perçue comme impuissante et divisée.

Lors de la présidentielle, les sociaux-démocrates et l’ÖVP avaient été éliminés dès le premier tour, du jamais vu. Le candidat d’extrême droite Norbert Hofer s’était incliné de peu au second tour face à l’écologiste libéral Alexander Van der Bellen.

Christian Kern, issu du monde de l’entreprise, avait été nommé à la chancellerie en mai 2016 à la suite de cette bérézina. Il a assuré que le SPÖ siégerait dans l’opposition en cas de défaite. Mais il pourrait lui-même être contesté au sein du parti, dont une aile ne serait pas hostile à une coalition avec M. Kurz, voire avec l’extrême droite.

Une alliance entre M. Kurz et M. Strache pourrait infléchir la ligne jusqu’à présent très europhile du pays, le FPÖ prônant notamment un rapprochement avec le groupe de Visegrad, comprenant des pays comme la Pologne et la Hongrie qui multiplient les bras de fer avec Bruxelles.

“Le FPÖ comme partenaire de gouvernement ne ferait pas bonne impression en Europe et M. Kurz est conscient de ça, commentait dimanche le quotidien conservateur Standard. Mais la question est de savoir s’il y aura moyen de faire sans lui après l’élection”.

© 2017 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.