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Les fonctionnaires manifestent pour leur statut et les services publics

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Les fonctionnaires manifestent pour leur statut et les services publics

Postiers, enseignants, égoutiers… Les fonctionnaires ont commencé à manifester mardi pour défendre leur statut et s’opposer à la réforme du gouvernement, lors de leur troisième journée de mobilisation depuis l’élection d’Emmanuel Macron qu’ils accusent de les “attaquer”.

Le fonctionnement des écoles et collèges est perturbé, de même que l’accueil dans les crèches, des avions sont cloués au sol et des coupures de courant sont à prévoir. SUD Rail a par ailleurs déposé un préavis de grève alors que le prochain épisode de deux jours à la SNCF débutera à 20H00.

Entre 130 et 140 manifestations sont programmées partout en France.

A Marseille, les rangs étaient clairsemés. Facteurs, étudiants, enseignants et retraités se sont mis en marche vers 11H00 sous la pluie. Léonore, déléguée du personnel au musée Mucem, dénonce la baisse du nombre de fonctionnaires. “Les missions d’accueil et de surveillance ont été externalisées”, explique sa collègue Marina.

Derrière une pancarte “nous ne laissons pas brader les droits collectifs”, les manifestants rennais (2.800 selon la préfecture) étaient accompagnés d’étudiants, tandis qu’à Montpellier, entre 2.600 et 4.000 postiers, chercheurs, douaniers, personnels entretenant les routes, salariés des hôpitaux notamment manifestaient. “Ni sélection, ni répression, abrogation”, réclamaient des étudiants de la “commune” de l’université Paul Valéry protestant contre la loi orientation et réussite des étudiants, venus les rejoindre.

Ulrich Bouchut, du collectif des égoutiers de la métropole lyonnaise, rappelle avoir “une espérance de vie de 17 ans inférieure à un cadre et de sept ans inférieure à un ouvrier”. Il proteste contre la “remise en question” de la retraite anticipée et de la “bonification après 20 ans passés dans le réseau”.

Tentant de déminer la grogne, le secrétaire d’État à la Fonction publique, Olivier Dussopt, a assuré lundi qu’il n’y aurait pas de “remise en cause” du statut mais des “ajustements” et “une modernisation”.

Le syndicat policier Alliance a organisé de son côté une opération escargot sur une partie du périphérique parisien pour défendre le régime spécial de retraite des policiers. Une opération similaire a eu lieu à Toulouse.

– Unité rare –

Déterminés, les syndicats représentants 5,7 millions d’agents affichent une solidarité rare: les neuf (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA) ont lancé un appel commun contre “la mise à mal des missions publiques”, “la dégradation des conditions de travail” et pour le pouvoir d’achat. Déjà unis le 10 octobre, ils n’avaient pas lancé d’appel unitaire depuis une dizaine d’années.

Autre fait marquant, inédit depuis la réforme controversée des retraites de 2010: les cinq dirigeants des principaux syndicats nationaux défileront ensemble, à Paris, à partir de 14H00, de la place de la République à celle de la Nation.

Les relations se sont détériorées depuis un an avec l’exécutif qui envisage la suppression de 120.000 postes au cours du quinquennat.

Il a également reporté d’un an le plan de revalorisation des carrières des fonctionnaires (PPCR) conclu sous le gouvernement précédent, maintenu le gel du point d’indice qui sert au calcul des salaires, et réinstauré le jour de carence (paiement du salaire à partir du deuxième jour d’arrêt maladie).

Une concertation entre les syndicats et le gouvernement, démarrée fin mars, n’a fait qu’aggraver les inquiétudes. Les orientations choisies, dont une extension du recours aux contractuels, constituent, selon eux, une “attaque” du statut du fonctionnaire.

– Lycées perturbés –

La réforme doit déboucher sur un projet de loi au 1er semestre 2019 mais les fonctionnaires attendent avec méfiance le rapport CAP 22, censé dégager des pistes d’économies. M. Dussopt prédit des propositions “plus ou moins disruptives” et promet une “phase de concertation” après la remise du rapport, prévue en juin.

La mobilisation se présente “sous les meilleurs auspices” au vue des “remontées” de terrain, assure Jean-Marc Canon (CGT). La Snuipp-FSU, premier syndicat chez les professeurs des écoles, table sur une participation de 30%, contre 25% le 22 mars (16% selon le ministère).

A Paris, “cinq à six” lycées ont été perturbés, selon le rectorat, avec notamment des blocages “filtrants”, en soutien aux fonctionnaires mais aussi pour protester contre la plateforme d’inscription aux études supérieures Parcoursup.

Dans le secteur public, la précédente journée de mobilisation, le 22 mars, avait réuni 323.000 personnes dans la rue, selon le ministère de l’Intérieur (500.000 selon la CGT) et la toute première, celle du 10 octobre, 209.000 (400.000).

Mardi, le cabinet Occurrence réalisera le comptage dans la capitale pour un collectif de médias, dont l’AFP.

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