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Les rachats d’actifs de la BCE, soutien ambitieux à l’économie

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Les rachats d’actifs de la BCE, soutien ambitieux à l’économie

Voici un point sur l’ambitieux programme de soutien à l’économie de la Banque centrale européenne, baptisé “QE”, destiné à sortir la zone euro du marasme et dont elle devrait annoncer jeudi une réduction prochaine.

– Pourquoi avoir lancé le QE ?

Dès 2012, Mario Draghi avait promis de faire “tout ce qu’il faudra” pour endiguer la crise. Mais ses premières mesures, dont l’abaissement drastique des taux d’intérêt, n’ont pas suffi à tirer l’économie suffisamment vers le haut pour ramener l’inflation vers l’objectif de l’institut (un peu moins de 2%).

En janvier 2015, M. Draghi annonce donc des achats de grande envergure d’obligations, c’est-à-dire de dette privée et publique. Le but est d’éloigner le risque de déflation, un cercle vicieux fait de baisse des prix et de report des décisions d’achat, qui freine durablement toute l’économie.

– De quoi s’agit-il ?

L'”assouplissement quantitatif” (“quantitative easing” ou “QE”) consiste pour la banque centrale à créer de la monnaie pour acheter sur le marché des emprunts d’État ou privés détenus par des investisseurs.

L’objectif est que ces derniers – des banques le plus souvent – réinjectent les liquidités qu’ils obtiennent en échange dans l’économie, en prêtant aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l’inflation.

Comme il concerne dix-neuf pays utilisant la même monnaie, le programme d’achats de la BCE est davantage encadré que ceux de la Réserve fédérale américaine, de la Banque d’Angleterre ou de la Banque du Japon. La BCE s’interdit notamment d’acheter trop d’obligations d’un pays ciblé, pour éviter d’être accusée de financer sa dette publique.

– Est-ce un succès ?

Le QE, en faisant baisser les taux, a facilité le financement des entreprises, des ménages et des Etats de la zone euro, permettant à ces derniers d’économiser des milliards d’euros sur la charge de la dette.

Parallèlement, la reprise économique en zone euro a gagné en solidité et le taux de chômage est repassé sous les 10%: tout cela “pas seulement, mais aussi” grâce au QE, s’est félicité Mario Draghi en juin.

Mais bien que la BCE a déversé plus de 2.000 milliards d’euros de liquidités sur le marché depuis mars 2015, l’inflation reste sous l’objectif de l’institut.

Cette situation atypique, mêlant reprise avérée et inflation en berne, complique la sortie du QE.

– Sortie compliquée ?

La BCE a réussi pour l’heure à éviter toute annonce précipitée qui sèmerait la pagaille sur les marchés financiers, comme en 2013 aux Etats-Unis, lorsque la Réserve fédérale avait soudainement annoncé la fin à venir de son programme d’assouplissement quantitatif.

L’institution de Francfort a franchi un premier palier sans encombre fin 2016, en ramenant le rythme mensuel du QE de 80 à 60 milliards d’euros par mois, au vu de la meilleure santé de l’économie.

Sauf que l’euro s’est apprécié depuis face au billet vert, naviguant cet été au-delà de 1,20 dollar.

Un retrait rapide du QE réduirait de fait la quantité d’euros sur le marché et ferait donc mécaniquement repartir à la hausse le cours de la monnaie unique. Or, un euro fort ralentit encore l’inflation, parce qu’il abaisse le prix des importations.

– Et maintenant ?

Les spécialistes tablent désormais sur une sortie “prudente et flexible”. Le rythme mensuel des rachats d’actifs pourrait être réduit de moitié, passant de 60 milliards d’euros actuellement à 30 milliards par mois à compter de janvier 2018.

Lors de sa dernière réunion de septembre, la BCE s’est par ailleurs ménagé la possibilité d’accroître le montant ou la durée de ce programme si nécessaire.

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