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Liliane Bettencourt, héritière milliardaire à la vie tumultueuse

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Liliane Bettencourt, héritière milliardaire à la vie tumultueuse

Liliane Bettencourt, héritière du fondateur de l’empire des cosmétiques L’Oréal, décédée à 94 ans, était très affaiblie et à l’écart de la vie publique depuis 2012, après une vie passée à faire prospérer l’entreprise fondée par son père.

Diminuée par la maladie, placée sous tutelle, Mme Bettencourt avait quitté le conseil d’administration de L’Oréal il y a cinq ans, abandonnant tout rôle dirigeant au sein du groupe.

Si ses apparitions publiques étaient de plus en plus rares ces dernières années, son nom continuait de défrayer la chronique. Avec une fortune estimée à près de 40 milliards de dollars par le magazine Forbes en 2017, elle était la femme la plus riche au monde et occupait la 14e place des personnes les plus fortunées.

Mais c’est surtout sur le front judiciaire que son patronyme a longuement résonné, dans la tentaculaire “affaire Bettencourt”, ouverte à l’origine pour un abus de faiblesse aux dépenses de l’héritière de L’Oréal, qui s’est divisée au fil de l’enquête en plusieurs volets.

Liliane Bettencourt, qui s’était longtemps dérobée aux expertises médicales demandées par sa fille unique, Françoise Bettencourt-Meyers, était psychologiquement affaiblie. Plusieurs médecins avaient avancé en 2011 le diagnostic d’une “démence mixte” et d'”une maladie d’Alzheimer à un stade modérément sévère”.

– “Vivre selon ses envies” –

Ses relations avec sa fille, qui accusait des “prédateurs” d'”instrumentaliser” sa mère, avaient longtemps été exécrables en raison d’un conflit familial. Mais les deux femmes avaient fini par se réconcilier en 2010, une décision qui “correspond à mon souhait de voir la famille réunie”, expliquait alors la mère.

Liliane Bettencourt n’avait jusqu’alors cessé d’impressionner son auditoire malgré, déjà, le poids de l’âge et ses difficultés d’audition. On la voyait dans les médias avec son allure de grande bourgeoise raffinée: brushing impeccable, écharpe rose ou orange, rouge à lèvres mat et souvent un carré de soie autour du cou.

Son déclin fut longtemps masqué derrière les traits d’esprit et l’évident appétit de vivre d’une vieille dame au franc-parler, qui revendiquait une liberté souveraine. Elle voulait, disait-elle, “s’exprimer librement et vivre selon ses envies”, c’est-à-dire voyager et recevoir dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, où le moindre employé était royalement payé, le jet privé tenant souvent lieu de véhicule principal.

Au cours de sa vie, elle avait lutté jusqu’au bout pour justifier ses choix, qu’il s’agisse d’investissements financiers ou de cadeaux parfois démesurés, comme ceux dont a bénéficié le photographe François-Marie Banier qui l’amusait et la charmait, au grand dam de ses proches.

Née le 21 octobre 1922 à Paris, Liliane est élevée dans la rigueur, chez les Dominicaines. Sa mère, pianiste, meurt quand elle a cinq ans. Dix ans plus tard, elle fait ses premiers stages chez L’Oréal. Depuis, elle se considérait comme la dépositaire de l’oeuvre de son père, Eugène Schueller, fondateur de l’entreprise.

– Un couple phare –

Liliane vouait un culte à ce père dévoué mais très pris par ses affaires, qui met au point les premières teintures capillaires de synthèse, vendues dans les salons de coiffure et lance des produits à succès comme le shampoing Dop.

Cet Alsacien, issu d’un milieu modeste, a sa part d’ombre puisqu’il est l’un des dirigeants et principal soutien financier de La Cagoule, organisation clandestine d’extrême droite dans les années 1930.

Après la guerre, Liliane soigne un début de tuberculose en Suisse. Elle y rencontre André Bettencourt, ami de François Dalle, futur président de L’Oréal. Ils se marient en 1950 et, trois ans plus tard, naît Françoise. Eugène meurt en 1957.

Avec André Bettencourt – ministre sous la 4e République, de Charles De Gaulle puis de Georges Pompidou – Liliane forme un couple-phare des salons parisiens. L’histoire de cet homme croise celle de François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale où, comme ce dernier, il entretient des relations ambiguës avec Vichy, avant de rejoindre la Résistance.

A priori davantage passionnée par l’art – elle possédait des tableaux de De Chirico, Léger, Picasso, Matisse, Miro ou Braque – et le cinéma que par les affaires, Liliane ne s’installera jamais dans le fauteuil de PDG de L’Oréal. Mais en tant que première actionnaire du groupe, elle siègera au conseil d’administration jusqu’à près de 90 ans, face aux patrons successifs du groupe, afin de démontrer que rien ne se fait sans elle.

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