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Pour sauver la “carte postale”, des habitants s’attaquent à la pollution au Cap-Vert

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Pour sauver la “carte postale”, des habitants s’attaquent à la pollution au Cap-Vert

César Freitas, 42 ans, est à l’initiative de cette page. Ce passionné d’environnement a vu l’archipel se transformer  au fur et à mesure du développement économique et touristique. Aujourd’hui, il estime qu’un effort de sensibilisation est nécessaire à la conservation du patrimoine naturelle du Cap-Vert :

J’ai toujours grandi au bord de la mer, avec cette “culture du littoral”. Malheureusement, je vois régulièrement des actes d’incivilité : par exemple, des habitants qui laissent leurs déchets sur la plage. Il y a également des endroits qui sont de véritables “décharges maritimes”, où des habitants déversent chaque jour leurs déchets et leurs eaux usées. Cela résulte bien souvent d’un manque de sensibilisation et d’éducation : les habitants ne connaissent donc pas toujours les conséquences que peuvent avoir certains de leurs comportements.

Dans cette publication, le collectif dénonce une “belle vue maritime” gâchée par les “immondices” . Cet endroit est aussi le lieu “où des habitants déposent leurs déchets et eaux usées”. Une “tradition” qui a dû mal à prendre fin car les habitants expliquent qu’ils ont “toujours jeté à cet endroit”. Le collectif demande aux autorités d’interdire cette pratique.

Le développement touristique peut également avoir des conséquences. Nous avons par exemple dénoncé sur la page le problème des pierres empilées par les touristes à l’île de Sal. C’est une manière pour eux de dire “j’y étais” en faisant chacun leur tour une petite structure. À certains endroits, il y en a tellement qu’on dirait un paysage lunaire. Cette préoccupation a rapidement été prise en compte par la mairie de Sal qui a répondu sur les réseaux sociaux en expliquant les risques de cette pratique sur l’écosystème [selon la mairie, celle-ci “retire l’humidité du sol”, “élimine de la végétation”, “détruit l’habitat d’espèces et d’insectes”, et surtout “modifie le paysage”, NDLR]. Cela a montré que nos alertes avaient un impact.

Sur l’île de Boa Vista, nous remarquons aussi plusieurs problèmes environnementaux liés au développement touristique. Avec les hôtels et restaurants qui y ont été construits, c’est une île où il y a beaucoup de travail. Or, beaucoup d’employés de ces infrastructures ne sont pas originaires de Boa Vista et ne peuvent pas faire l’aller-retour tous les jours, ni avoir une maison décente en raison des faibles salaires. Du coup, ces personnes vivent dans des “barracas”, des maisons de fortune sans système sanitaire. Il en résulte un grand problème de toilettes et certains habitants font ainsi leurs besoins sur le littoral ou dans les conteneurs rouillés abandonnés [en 2017 à Boa Vista, seul 57,7 % de la population avait accès à une salle-de-bain selon la presse locale, NDLR].

Sur le port de Boa Vista, les conteneurs abandonnés servent de toilettes et des déchets plastiques jonchent le sol. “La négligence face à la pollution de l’île est de plus en plus grave, nous avons besoin que les comportements changent […]”.

Nous alertons également les autorités sur les zones qui sont délaissées. Par exemple sur l’île de Santiago, la plage d’Achada Baleia est l’une des rares à encore avoir du sable. Avant elle était protégée par les militaires qui surveillaient la zone du “ramassage de sable”, maintenant elle est laissée à l’abandon. 

“Une des rares plages de Santiago qui a encore du sable. Avant, elle était protégée par les militaires contre le ramassage du sable et pour préserver les tortues […]”.

Ce “ramassage de sable” est un problème de longue date sur cette île, où une partie de la population a fait de l’exploitation du sable, pour le secteur de la construction notamment, sa principale source de revenus. Mais les conséquences environnementales de cette pratique sont très lourdes [notamment l’infiltration d’eau salée dans les sols, menaçant la production agricole, NDLR].

Campagne de nettoyage menée par César Freitas et d’autres bénévoles sur la plage d’Aguas Belas de l’île de Santiago.

Face à toutes ces problématiques, j’ai lancé avec des amis au mois d’octobre des actions de nettoyage, que nous avons documentées sur les réseaux sociaux.

Sur la plage, des déchets de 25 pays différents

Le 27 novembre dernier, un autre collectif citoyen, l’association Biosfera Cabo Verde, a publié des images impressionnantes d’ordures retrouvées sur la plage des Achados de l’île Santa Luzia, l’une “des plus importantes plages pour la ponte des tortues”. Dans leur vidéo, les activistes montraient que ces déchets, amenés par la mer et rejetés sur la plage, venaient d’au moins 25 pays différents.

La problématique des déchets plastiques inquiète également le ministère cap-verdien de l’économie marine qui a publié sur Facebook en juin dernier, à l’occasion de la journée mondiale des océans, un clip choc dans lequel les clients d’un restaurant se voient servir non pas du poisson mais… du plastique. “Selon les prévisions, en 2025 il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan”, est-il indiqué à la fin.

En 2017, le Cap-Vert avait fait du traitement des déchets une “cause nationale” avec la mise en place d’un plan de gestion, d’un coût d’1,5 million d’euros. L’année précédente, une décision avait déjà réduit les sachets plastiques en autorisant seulement ceux en plastique biodégradable.

Cet article a été écrit par Maëva Poulet (@maevaplt).

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