Home Pure Info Prisons: des négociations sous tension après une nouvelle agression en Corse

Prisons: des négociations sous tension après une nouvelle agression en Corse

0
Prisons: des négociations sous tension après une nouvelle agression en Corse

La ministre de la Justice Nicole Belloubet s’est rendue vendredi en Corse au chevet de deux surveillants blessés par un détenu, puis à la prison de Borgo, théâtre de l’agression qui a de nouveau tendu les négociations autour des questions de sécurité dans les établissements pénitentiaires.

Deux gardiens de prison ont été blessés par un détenu signalé pour radicalisation peut-être aidé par des complices, vendredi matin dans ce centre pénitentiaire de Haute-Corse, alors que se poursuivaient à Paris les négociations entre syndicats et administration pénitentiaire, au quatrième jour du mouvement de mobilisation nationale des surveillants de prison.

“Les négociations vont durer. L’essentiel est d’arriver à un accord solide”, a-t-on assuré vendredi en début de soirée à la direction de l’administration pénitentiaire (DAP), notant des situations “extrêmement disparates” selon les régions et les établissements. 81 établissements ont été bloqués vendredi, selon une source à la direction de l’administration pénitentiaire, et le mouvement a eu un impact sur des extractions judiciaires ou les parloirs.

Dans la matinée, des incidents avaient eu lieu à Fleury-Mérogis, contribuant déjà à tendre les discussions en cours: les forces de l’ordre ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient l’accès à la plus grande prison d’Europe (plus de 4.300 détenus).

– “Mesure ultime” –

Le syndicat FO-Pénitentiaire, qui ne participe pas aux négociations avec la Chancellerie, a haussé le ton après l’agression de Borgo en appelant “à durcir” les modalités d’action et en particulier au “dépôt de clés” dans tous les établissements.

Un “dépôt des clés” qui a été effectif vendredi, selon l’administration pénitentiaire, seulement à Borgo, où la gendarmerie assure l’ordre et la surveillance dans l’établissement pénitentiaire, les relèves à la mi-journée n’ayant pas eu lieu.

“C’est quelque chose qui n’a pas été fait depuis plus de 20 ans. Le dépôt de clés, c’est la mesure ultime chez nous”, a commenté auprès de l’AFP Yoann Karar, secrétaire général adjoint de FO pénitentiaire: “Les établissements sont à l’arrêt quand il y a dépôt de clés (…). En clair, quand c’est comme ça, c’est les forces de l’ordre qui prennent le relais”.

Les deux gardiens de Borgo, dont l’un a été plus gravement touché que l’autre, ont été transférés vers l’hôpital de Bastia où la garde des Sceaux Nicole Belloubet, qui a condamné dans un communiqué une agression “grave” et “intolérable”, est arrivée vers 15H45. “Ils sont blessés extrêmement sérieusement”, a déclaré la ministre après sa visite à l’hôpital, jugeant “très choquant et très émouvant” de leur parler.

Elle s’est ensuite rendu à la prison de Borgo où elle s’est entretenue avec les organisations syndicales et le personnel avant d’être sifflée et huée devant l’établissement par une centaine d’agents qui ont refusé de lui parler.

Notant l'”émotion” et la “colère” des personnels, elle s’est engagée à “apporter des réponses” à tous les points qu’ils ont soulevés, notamment en matière de sécurité et de gestion des détenus radicalisés.

– Condamné en appel en 2015 –

Elle devait ensuite participer à une réunion à la préfecture de Haute-Corse à Bastia avec des élus locaux.

La section de recherches de la gendarmerie de Bastia a été chargée de l’enquête sur l’agression survenue à Borgo, a indiqué la procureure de Bastia Caroline Tharot.

Selon la direction de l’administration pénitentiaire, les deux surveillants, dont le pronostic vital n’est pas engagé, ont été attaqués par des détenus de droit commun. Le rôle d’éventuels complices de l’auteur principal des faits, signalé pour radicalisation religieuse et sur lequel une enquête avait été ouverte par le parquet de Bastia, restait à préciser vendredi.

Selon Maxime Coustie, délégué régional UFAP, ce détenu a agressé en criant “Allah Akhbar” un surveillant par derrière alors que celui-ci était seul dans son bureau, dans ce centre pénitentiaire où les détenus peuvent circuler dans la prison grâce à “une gestion en porte ouverte” des cellules.

Selon une source proche de l’enquête, l’agresseur principal, condamné en appel en novembre 2015 à huit ans de prison pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, s’était ensuite retranché dans sa cellule avec des complices. L’intervention des gendarmes a finalement permis d’interpeller quatre détenus.

© 2018 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.