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Qui a tué Benazir Bhutto? Les théories derrière le meurtre

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Qui a tué Benazir Bhutto? Les théories derrière le meurtre

Les commanditaires de l’assassinat de l’ex-Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto restent impunis, dix ans après mort de la première femme à gouverner un pays musulman, nourrissant de nombreuses théories sur leur identité.

Alors que des milliers de personnes se sont recueillies mercredi autour de son tombeau, dix ans jour pour jour après son décès, seuls deux policiers ont été condamnés dans cette affaire, reconnus coupables, en août dernier, de “mauvaise gestion de la scène du crime”.

Selon la version la plus communément acceptée, Benazir Bhutto a été tuée le 27 décembre 2007 de plusieurs balles dans le cou. L’assaillant a ensuite déclenché sa charge explosive près de son convoi, fauchant 24 personnes.

– L’Etat ou les islamistes –

Mme Bhutto, fervente critique des extrémistes islamistes, était menacée par Al-Qaïda, les talibans et d’autres groupes jihadistes locaux, et potentiellement par des éléments au sein des institutions pakistanaises.

Le régime du général Pervez Musharraf a accusé du meurtre le chef des talibans pakistanais de l’époque, Baitullah Mehsud. Ce dernier, qui avait démenti toute implication, a été tué par un drone américain en 2009.

Mais le général Musharraf a lui-même été inculpé en 2013 pour le meurtre de sa rivale, une première pour un ex-chef de la puissante armée pakistanaise.

Pervez Musharraf a fui le Pakistan en 2016, et il est en exil depuis lors. La justice le considère depuis août dernier comme “fugitif” dans cette affaire.

Mercredi, pour le dixième anniversaire de la mort de Benazir Bhutto, son fils Bilawal a scandé “assassin, assassin. Musharraf assassin”, devant son tombeau. La foule a repris en coeur.

– La commission d’enquête de l’ONU –

A la demande du Parti du peuple pakistanais (PPP), la formation du clan Bhutto, l’ONU a dépêché une commission d’enquête qui a publié en 2010 un rapport de 70 pages.

L’ONU a estimé que M. Musharraf n’avait pas fourni à sa rivale politique, pourtant menacée, la sécurité nécessaire pour éviter une telle attaque.

Selon l’ONU, la police a également manqué à ses devoirs en faisant laver à grande eau la scène du crime moins de deux heures après l’attentat le 27 décembre 2007 et en ne pratiquant pas d’autopsie du corps de Mme Bhutto.

La police a indiqué n’avoir collecté que 23 preuves matérielles sur les lieux “dans un cas où l’on aurait pu s’attendre à en avoir des milliers”, souligne le rapport onusien.

L’ONU évoque autre chose que la simple incompétence, estimant que l’enquête a probablement été étouffée par les institutions militaires du pays.

“Ces responsables, partiellement par peur que cela (l’attentat, NDLR) soit le fait des agences de renseignement, n’étaient pas sûrs de la vigueur avec laquelle ils étaient censés prendre les mesures normalement exigées d’eux en tant que professionnels”, souligne le rapport.

Mais l’ONU n’a pointé du doigt aucun suspect, estimant que cela relevait de la responsabilité des tribunaux pakistanais.

– Théories du complot –

Le veuf de Mme Bhutto, Asif Ali Zardari, surfant sur la popularité de son épouse, a été élu président mais n’a jamais éclairci le mystère de sa mort.

Les spéculations ont été alimentées par le décès de son assistant Bilal Sheikh dans un attentat-suicide en 2013. Ce dernier était responsable de la sécurité de Mme Bhutto lorsqu’un premier attentat avait visé son convoi à son retour d’exil en octobre 2007.

Mais pour l’ancien président de la commission d’enquête de l’ONU Heraldo Munoz, il est ridicule de penser que M. Zardari soit impliqué dans le meurtre de son épouse.

Pour lui, “Al-Qaïda a donné l’ordre, les talibans pakistanais ont exécuté l’attaque, éventuellement appuyés (…) par des éléments de l’establishment (militaires et/ou services secrets), le gouvernement de Musharraf a facilité le crime par sa négligence, les responsables de la police locale ont tenté de camoufler l’affaire, les gardes du corps de Bhutto ont échoué à la protéger et la majorité des politiciens pakistanais préfèrent tourner la page”.

D’autres théories mettent en cause le fidèle garde du corps de Mme Bhutto, Khalid Shahensha, vidéos à l’appui le montrant en train de faire des signes bizarres peu avant l’attentat. M. Shahensha a été mystérieusement abattu à Karachi quelques mois plus tard.

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