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Reporters : en RD Congo, combattre Ebola en zone de guerre

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Reporters : en RD Congo, combattre Ebola en zone de guerre

Région meurtrie par des décennies de guerre dans l’est de la République démocratique du Congo, le Nord-Kivu connaît en ce moment la pire épidémie d’Ebola de l’histoire du pays. Les nombreux groupes armés présents dans la région compliquent la riposte de l’OMS et du ministère de la Santé. La crise pourrait dégénérer. Reportage dans une région qui lutte sur plusieurs fronts.

Plus de 400 cas confirmés, plus de 240 décès recensés fin novembre : jamais une épidémie d’Ebola n’avait fait autant de victimes en RD Congo depuis la découverte du virus dans le nord du pays, en 1976. Depuis le 1er août, date à laquelle l’épidémie a été confirmée, la réponse s’organise et mobilise des agents de l’OMS, du ministère de la Santé, des ONG internationales… La ville de Béni, épicentre de la crise, accueille médecins et spécialistes du virus. Mais la réponse à Ebola est particulièrement complexe au Nord-Kivu, où des groupes armés sèment la terreur et empêchent les équipes médicales d’accéder à certaines zones.

Les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe jihadiste, mènent des raids meurtriers sur Béni et toute sa région. Les ADF agissent de nuit, en attaquant un village ou un quartier. Tirs de kalachnikovs, de mortiers, coups de machettes… De nombreux habitants sont exécutés, d’autres, enlevés. L’armée congolaise est désemparée et ne parvient pas à mettre fin aux tueries.

>> À lire aussi : La RD Congo fait face à la première épidémie d’Ebola en zone de conflit

Pour protéger les populations et sécuriser les équipes de riposte sanitaire, forces armées du pays et casques bleus de la Monusco ont lancé une opération dans la région de Béni. Son objectif : reprendre les camps ADF et éloigner les combattants de la ville. Mais l’offensive fait de nombreux morts au sein de la coalition : sept casques bleus ont été tués, ainsi que de nombreux membres de l’armée congolaise.

La lutte contre Ebola est une course contre la montre : il faut absolument éviter que la maladie ne se propage rapidement, mais la bataille contre les groupes armés s’annonce longue. Sans accès à ces zones, la situation pourrait bien dégénérer au cours des prochains mois.

Notre reporter Bastien Renouil a réalisé ce reportage dans des conditions difficiles liées à l’épidémie. Il nous raconte les coulisses du tournage :

“Tourner dans une zone où sévit Ebola peut s’avérer particulièrement complexe : impossible d’approcher les malades à cause du risque de contamination. Le journaliste et son matériel pourraient être contaminés. Seule solution, s’équiper du matériel de protection utilisé par les soignants. Des combinaisons hermétiques, une cagoule, un masque de protection… Aucun centimètre de peau ne doit être laissé à découvert. La température extérieure, qui avoisine les 35 degrés en plein soleil à Béni, est encore plus élevée à l’intérieur de la combinaison. Une fois le tournage terminé, le moment le plus complexe arrive : il faut enlever les équipements de protection potentiellement contaminés. Un long processus où l’on est aspergé de chlore pour tuer le virus. La caméra, elle aussi potentiellement contaminée, doit être immergée dans un seau de chlore.”

Par Bastien RENOUIL

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