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Yémen: Nasr et Issa, fauchés par la mort à 13 et 16 ans

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Yémen: Nasr et Issa, fauchés par la mort à 13 et 16 ans

Nasr Mansour Ghaleb, 13 ans, travaillait dans un magasin familial vendant des noix et espérait retourner à l’école quand il a été fauché par la mort dans sa ville de Taëz, la troisième du Yémen.

L’adolescent figurait parmi quatre garçons tués le 18 septembre dans un bombardement attribué aux rebelles Houthis à Al-Jamaliya, l’un des plus vieux quartiers de cette ville du sud-ouest du Yémen.

Taëz est en grande partie tenue par les forces progouvernementales, soutenues par une coalition militaire arabe intervenue en mars 2015 sous commandement saoudien.

Mais la ville est assiégée par les rebelles Houthis –issus de l’importante minorité zaïdite–, alliés aux forces restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh et accusés de liens avec l’Iran.

Des combats et des raids aériens meurtriers ont lieu depuis trois ans au Yémen, un pays quasiment divisé en deux, le camp rebelle contrôlant le nord dont la capitale Sanaa et les forces progouvernementales étant regroupées dans le sud.

Les civils, en particulier les enfants, paient un lourd tribut dans cette guerre.

Déjà, le 15 septembre, trois enfants âgés de 6 à 12 ans avaient été tués et neuf blessés par des tirs de mortier sur Taëz imputés au camp rebelle.

Le cousin de Nasr, Maher Ghaleb al-Khawlani, explique que l’adolescent décédé était revenu à Taëz deux mois plus tôt. Ses parents l’avaient envoyé à l’école dans la province de Sanaa car cette région était plus sûre. Leur fils avait déjà été blessé par le tir d’un sniper et avait été opéré au début de la guerre.

Plus tard, poursuit Maher, un missile était tombé sur leur habitation, alors que Nasr dormait. La maison était devenue inhabitable et la famille a dû s’installer dans un camp de déplacés dans la ville.

Mais Nasr voulait retrouver ses copains et reprendre l’école à Taëz. Il était revenu et, en juillet, il avait trouvé un boulot pour l’été chez un proche qui tient un magasin de noix.

Les noix se vendent de père en fils dans cette famille, explique le cousin à l’AFP: “Mes frères, mon oncle et moi, on travaille tous à Taëz. Mon oncle a un magasin à Bab Mousa et mon frère, Abou (père de) Rayan, en a un à Bab El Kabir”.

Abou Rayan a perdu son fils Rayan quand l’école de cet enfant de 7 ans a été touchée par un obus de mortier.

Et, le 18 septembre, Nasr a été tué par un obus de mortier, juste devant le magasin de noix.

– ‘Il aimait planter des arbres’ –

Dans le même quartier d’Al-Jamaliya de Taëz, le même jour, Issa Yousef est mort à la veille de la rentrée scolaire.

“Les professeurs étaient en grève en raison de salaires impayés et nous ne savions pas comment il fallait préparer l’année”, raconte son frère Khaled à l’AFP.

Issa était juste devant leur maison quand un obus de mortier a explosé et l’a tué. Il avait 16 ans.

La famille était originaire d’Al-Jamaliya mais avait dû fuir de l’autre côté de la ville à cause de la guerre. Elle était finalement revenue à Al-Jamaliya, occupant une maison abandonnée.

“La maison a été complètement détruite”, dit Khaled.

Issa aimait le foot. “Avant la guerre, il portait ses vêtements de sport et allait voir son équipe favorite: les Faucons”.

“Il était surtout intéressé par les équipes yéménites, pas les clubs internationaux”.

Mais sa vraie passion, c’était le jardinage. “Il avait un petit jardin, près de la maison, et il s’en occupait. Il passait son temps à planter des arbres, en particulier des fleurs”, ajoute Khaled.

Au moins 1.500 enfants figurent parmi les plus de 8.500 personnes tuées dans le conflit au Yémen depuis mars 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé. Près de 49.000 personnes ont été blessées.

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